"Un beau pied de nez au terrorisme" : sur RTL, Anne-Sophie et Pascal, "le couple du Bataclan" racontent leur rencontre, après les attentats du 13 novembre

Quand l'amour naît de l'horreur. Anne-Sophie et Pascal ne se connaissaient le soir du 13 novembre 2015. Ils se trouvaient chacun de leur côté dans le Bataclan, pour vivre le concert avec des amis. Dix ans après, ils se confient pour la première fois au micro de RTL, conscients que leur histoire, devenue commune, est la preuve que l'amour triomphe toujours.

À force de réunions de rescapés et de commémorations, ils ont fini par se mettre ensemble pour former un couple du Bataclan. D'autres se sont formés, n'existent plus, mais le leur tient toujours. Le moyen, pour eux, de surmonter les épreuves et les traumatismes. Anne-Sophie et Pascal continuent d'assister à des concerts, une passion commune pour exorciser ce qu'ils ont vécu le soir du 13 novembre 2015. 

"J'ai cru au début qu'au bout des dix ans, on aurait tous oublié. Au final, pas du tout. On a un attentat qui est tout le temps là, qui ne s'efface pas comme un bagage et qu'on se trimballe. C'est par vagues, énervement, colère, vous dormez mal", raconte Pascal à RTL. "Je faisais d'énormes crises de panique dans le métro. Il y a des cycles de dépression, vous vous rendez compte à quel point la vie est fragile, ça vous marginalise, ça vous extrait de la société, ça vous stoppe dans votre vie", confie Anne-Sophie.

"Rescapée et encore sensible à la beauté"

C'est leur rencontre qui les a sauvés. "On s'est rencontré à une fête de rescapés, ça ne s'invente pas. La toute première grosse fête", raconte Anne-Sophie. Cet évènement se déroulait "chez une fausse victime", depuis jugée et condamnée. "C'est une fausse victime qui a fait une soirée chez lui avec ses 50 rescapés", précise Pascal. 

"On peut être rescapée et encore sensible à la beauté", plaisante Anne-Sophie, qui se souvient "avoir tout de suite vu" Pascal, lors de son arrivée à la fête, une heure plus tard. "Je vois une jolie fille et la relation s'est construite petit à petit par des discussions, par des rencontres. On n'est pas d'accord sur qui a dragué qui", souligne Pascal. 

"J'ai manœuvré pour me rapprocher", concède Anne-Sophie. "On a fait le jeu du balcon Romain et Juliette, et avec un troisième au milieu. Une tierce personne qu'on a dû éliminer", blague Pascal.

"L'illustration même d'aller de l'avant"

Ils ont mis du temps à former ce qu'ils appellent le couple du Bataclan, par peur de mélanger les souffrances. "Faire couple en tant que rescapé, ce n'était pas l'option de facilité. On n'a pas les codes pour se relever d'un tel événement. Là, ça requiert aussi de les avoir pour une autre. Plus ça a été amené à se concrétiser, plus j'ai freiné des quatre fers", confie Anne-Sophie, craignant de devoir "être ramassée à la petite cuillère".

Le couple a discuté, peu à peu, du Bataclan. "T'étais où ce soir-là ? T'étais à quel endroit ? Et ensuite, on y est allé franco, t'as perdu du monde, t'as été blessé. Un peu comme une façon de renifler (...) Il n'y avait pas un jugement, il n'y avait pas une échelle de valeur", explique Anne-Sophie. 

"Il n'y avait pas de concurrence sur la souffrance", complète Pascal, mais il y a le regard des autres et de la famille. "Ils ont dit qu'on va être contaminés, ils ont dit 'mais vous faites une culture de la souffrance, une culture du malheur, vous ressassez les choses'." On leur a dit "d'aller de l'avant". "On a la chance de pouvoir compter l'un sur l'autre. Et bien s'il y a des choses pas très jolies qui doivent sortir, ça sort, il y a cette liberté de ton. C'est l'illustration même de justement aller de l'avant", leur répond Anne-Sophie.

"Un enfant du Bataclan"

Après de longs mois de longues rencontres entre rescapés dans des salles de concert, ils finissent par se mettre ensemble, le 1er février 2016. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, ils attendent, 10 ans après le 13 novembre, un heureux événement. "C'est un beau pied de nez au terrorisme. On a décidé d'être parents", annonce Anne-Sophie. "Et même s'il y a ce postulat de départ de 'ah ouais, sur un tas de merde, il y a une jolie fleur qui a bourgeonné', ça se construit. On a mis dix ans à faire cet enfant. Pour ma personne, il y avait vraiment ce truc de 'si je dois renoncer à faire un enfant, la vie ne vaut plus le coup Ils ont gagné'." 

Les questions se bousculent quant à leur histoire née avec les attentats. "Qu'est-ce qu'on va pouvoir lui apporter comme réponse quand il nous interrogera sur 'comment vous vous êtes rencontrés ?' Pour moi, c'est un gros sujet", se questionne Anne-Sophie, qui ne veut pas "lui transmettre le trauma de ses parents" ni "créer une anxiété chez mon bébé en lui disant Il y a des méchants qui ont voulu faire du mal à maman. "On est un couple du Bataclan, on a un enfant du Bataclan", poursuit Pascal. 

"Il sera très heureux de savoir que papa et maman se sont rencontrés à une fête, sans que ça devienne un poids. Je souhaite de nouveau faire entrer le bonheur dans ma vie. On peut se relever et qu'on voit ça comme quelque chose de positif, comme porteur d'espoir. Un enfant, c'est l'avenir", avance Anne-Sophie.

Le sexe du bébé et son prénom restent secrets. La naissance, elle, est prévue pour la fin du mois de février.

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