Le protocole sanitaire pour la rentrée scolaire "prévoit tous les cas de figure", promet Jean-Michel Blanquer. La phrase se veut rassurante pour les enseignants et les parents inquiets de la reprise. Pourtant, des questions se posent encore, notamment celle de la possibilité du télétravail pour les enseignants.
Alors que le gouvernement recommande encore à tous les salariés de télétravailler, il n'en est pas forcément de même pour ses propres travailleurs, et notamment ceux de l'Éducation nationale. À première vue, la consigne est claire. Tous les enseignants doivent revenir en présentiel pour la rentrée pour accueillir les élèves.
Mais avec la progression de l'épidémie, la question du télétravail pourrait se poser assez rapidement. Jean-Michel Blanquer a en effet annoncé la possibilité de plusieurs types de solution si la situation sanitaire se dégrade. D'abord des classes en petit groupe, avec une partie des élèves en présentiel et l'autre à distance. Et "dans le cas le plus extrême", des fermetures de classes. Dans ce cas, l'enseignement à distance devra forcément être envisagé.
"Le télétravail s'applique très bien à certains domaines, mais ce n'est pas du tout pareil dans l'enseignement", relève Loys Bonod, professeur de français dans un lycée parisien. "C'est un pis-aller", témoigne Fanny, enseignante en primaire.
"Sans le contact direct avec les élèves, on n'a pas de retour immédiat sur ce qu'on fait, on ne peut pas comment les élèves travaillent... On est dans une sorte de comédie de l'enseignement", déplore Loys Bonod. Même si tous deux préfèrent éviter le télétravail, ils appréhendent tout de même la rentrée avec les masques et le niveau des élèves à réévaluer complètement.
Même si le télétravail n'est pas une solution idéale, la question se pose particulièrement pour les personnes vulnérables au coronavirus, ou vivant avec une personne vulnérable.
Vendredi 21 août, Jean-Michel Blanquer a évoqué le sujet à l'occasion de la visite d'une école dans l'Oise. Selon lui, les enseignants dont la situation entre dans "la nomenclature de vulnérabilité" prévue par le gouvernement pourront "rester chez eux", à condition d'avoir un certificat médical. "Cela doit rester l'exception", précise toutefois le ministre. Cette nomenclature de la vulnérabilité est la même que pour tous les salariés. Elle est réglée par un décret qui liste les pathologies qui rendent fragile au coronavirus.
Mais même les enseignants qui sont fragiles ne sont pas forcément favorables au télétravail. Damien*, enseignant en primaire en région parisienne, est atteint d'une maladie chronique qui lui donne le droit de rester chez lui. Mais il a choisi dès le 22 juin de revenir en classe malgré tout, par peur que ses élèves "décrochent".
"La façon dont le télétravail a été mis en place était très difficile. Dans ma classe, huit élèves n'avaient ni ordinateur, ni tablette, et devaient se servir du téléphone de leurs parents. Et puis il y a aussi le problème de l'équipement des profs, on était obligés de tout faire avec nos données personnelles", signale-t-il.
Au sujet de l'équipement informatique des enseignants, le ministère de l'Éducation nationale a dit en juillet envisager la distribution d'une prime pour les équiper. Le ministère a avancé la date de début 2021 pour la distribution de cette prime, mais rien n'est encore certain. Ni le public visé en priorité, ni le montant de la prime.
Damien* aimerait surtout des protections supplémentaires, notamment des masques FFP2. À la Réunion, où la rentrée a eu lieu le 17 août, avant les déclarations du ministre, c'est l'option qui a été choisie. "Mais selon les échos que nous avons du terrain, les masques n'ont pas encore été distribués", assure Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré. Les enseignants qui n'ont pas pu se procurer un masque FFP2 ont dû passer en télétravail, nous indique le rectorat de La Réunion.
Enfin, pour les personnes qui vivent avec quelqu'un de fragile, le télétravail risque de ne pas être possible. Alors que jusqu'au 22 juin, elles étaient considérées de la même manière que les personnes vulnérables, elles ont été obligées de retourner à l'école après cette date.
"Nous estimons que la situation des personnes vulnérables, comme celle de ceux qui vivent avec une personne vulnérable, doit être considérée. Que ce soit par le télétravail ou en appliquant des mesures de protection supplémentaires. On souhaite que leur situation soit clarifiée le plus rapidement possible", soutient Sophie Vénétitay pour le SNES-FSU.
*À la demande de la personne, son prénom a été modifié
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