L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans les médias à travers le monde : les visons transportent une version "mutée" du coronavirus, qu'ils sont capables de transmettre à l'humain. La nouvelle vient nourrir un climat de grande angoisse face à une pandémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 1,2 million de morts en moins d'un an.
Cette découverte vient du Danemark où la Première ministre Mette Frederiksen a annoncé le mercredi 4 octobre l'abattage de la totalité des plus de 15 millions de visons du pays, affirmant que la version mutée du SARS-Cov-2 avait été transmise par ces animaux à 12 personnes.
Le Danemark n'est pas un cas isolé, "À ce jour, six pays, à savoir le Danemark, les Pays-Bas, l'Espagne, la Suède, l'Italie et les États-Unis ont rapporté des cas de SRAS-CoV-2 chez des élevages de visons auprès de l'Organisation Mondiale de la Santé animale".
De nombreux experts se sont montrés circonspects, s'interrogeant sur la réalité des supposés dangers de cette mutation en l'absence de publication scientifique. Les virus à ARN, comme le coronavirus apparu en Chine fin 2019, mutent tout le temps, sans nécessairement de conséquences significatives.
Aucune étude scientifique ne démontre d'ailleurs à ce stade qu'une des nombreuses mutations du SARS-Cov-2 ait pu modifier sa contagiosité ou sa dangerosité. La contamination de visons n'est pas non plus une nouveauté. "D'après les informations des autorités danoises, ce virus n'est pas plus pathogène ni plus virulent", indique à l'AFP Gilles Salvat, expert de l'agence sanitaire française Anses. Mais la crainte est qu'il "émerge comme second virus dominant dans la population".
Les "véritables implications des changements" apportés par la mutation qui touche la protéine permettant au virus d'entrer dans une cellule "n'ont pas été évaluées par la communauté scientifique", a de son côté expliqué James Wood, professeur de médecine vétérinaire à l'Université de Cambridge.
"Cette mesure est entièrement justifiable d'un point de vue sanitaire pour éliminer une source de transmission du virus conséquente", estime le Pr François Balloux, de l'University College de Londres.
Mais "évoquer le risque que les visons pourraient générer une seconde pandémie paraît excessif et contre-productif dans le climat anxiogène actuel", indique-t-il à l'AFP, notant que des mutations similaires existent déjà dans la population sans s'être répandues.
"On sait que ce virus avec les mêmes mutations a émergé dans des élevages de visons, a été transmis à des gens et n'est pas du tout monté en fréquence, il reste rare dans la population", insiste-t-il.
Les humains touchés par cette nouvelle souche du virus voient leurs anticorps devenir moins efficaces. Elle ne présente pas plus de risque que la souche connue, mais pourrait mettre en danger ceux qui en sont touchés lors de la vaccination. Le Pr François Balloux reconnaît que ce n'est pas "entièrement impossible" que cette lignée "puisse se répandre et rendre les vaccins moins efficaces".
Alors que le premier vaccin peine toujours à arriver, "faire un vaccin pour une souche est déjà compliqué, si on doit en faire contre deux, quatre ou six souches c'est encore plus compliqué", relate James Wood. "Il est trop tôt pour dire que ce changement provoquera un échec des vaccins ou de l'immunité", a-t-il ajouté, cité par l'organisme britannique Science Media Centre.
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