Espagne : l'ex-roi Juan Carlos visé par une nouvelle enquête
L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos est soupçonné par la justice de son pays d'avoir utilisé des cartes de crédits liées à des comptes bancaires qui ne sont pas à son nom. Il pourrait s'agir de prête-noms pour blanchir de l'argent.

L'ex-monarque espagnol Juan Carlos avait quitté le 3 août son pays pour "faciliter l'exercice" de ses fonctions à son fils et actuel roi, Felipe VI. La justice espagnole l'a toutefois rattrapé. Le roi est sous le coup d'une enquête sur l'utilisation présumée de cartes de crédit liées à des comptes bancaires qui ne sont pas à son nom. Cette enquête vise à vérifier des soupçons d'utilisation de prête-noms pour blanchir de l'argent.
Cette enquête a été ouverte dans le plus grand secret en fin d'année 2019 par le parquet anticorruption espagnol. Son existence vient d'être mise au jour par le site d'information espagnol ElDiario. Les comptes bancaires qui intriguent la justice sont liés aux noms d'un entrepreneur mexicain et d'un officier de l'armée de l'air espagnole, selon ces sources.
La justice cherche à connaître l'origine des fonds sur ces comptes bancaires et déterminer si Juan Carlos les a utilisés. Des commissions rogatoires à l'étranger ont été émises pour savoir si l'argent sur ces comptes domiciliés en Espagne a été dissimulé au fisc espagnol, sans que l'on sache à cette heure les pays concernés.
Un délit de blanchiment d'argent ?
Si ces fonds ont effectivement été soustraits au fisc, Juan Carlos pourrait être poursuivi pour délit de blanchiment d'argent. Les faits reprochés étant en effet postérieurs à son abdication en 2014, l'ancien chef de l'État ne pourra pas bénéficier de l'immunité qui le protégeait lorsqu'il était sur le trône.
Le tribunal suprême s'est contenté de confirmer que le parquet anticorruption lui avait transmis une enquête préliminaire concernant l'ancien souverain, sans fournir la moindre précision sur la nature de cette investigation.
Juan Carlos déjà dans le viseur de la justice
Le tribunal suprême enquête d'ores et déjà sur des soupçons de délits de corruption impliquant Juan Carlos dans le cadre de l'attribution à des entreprises espagnoles d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite en 2011. Les procureurs cherchent à savoir si l'ex-roi a reçu des commissions illégales après la conclusion de ce contrat.
Au centre de cette affaire se trouve un virement de 100 millions de dollars que, selon le journal suisse La Tribune de Genève, Juan Carlos aurait reçu en 2008 sur un compte en Suisse en provenance de l'Arabie saoudite. Le monarque à la retraite, dont l'image dans son pays a terriblement souffert de ces affaires, avait alors fait savoir par son avocat qu'il restait à la disposition de la justice.