Dans les années 30, Churchill est impopulaire, en marge de son temps. On le juge imprévisible quand il soutient le roi Edouard VIII dans sa volonté d'épouser une roturière américaine doublement divorcée. Cela déclenche un tollé parmi les députés et le roi sera forcé d'abdiquer au profit de son frère ce qui amènera d'ailleurs plus tard sa nièce Elizabeth II sur le trône.
Autre secteur où Churchill est en décalage : le statut de l'Inde. À une époque où la classe politique est plutôt pacifiste, il s’insurge contre Gandhi, disant que c'était "alarmant et nauséabond" de voir ce "fakir à demi nu parlementer sur un pied d'égalité avec le représentant de l'empereur-roi." Il est formellement opposé à tout ce qui pourrait affaiblir l'Empire. Il ne va pas dans le sens de l’Histoire en cette période où la décolonisation se dessine, et où l'Inde va, à partir de 1935, gagner en autonomie.
Mais s'il y a bien un sujet sur lequel il est en avance sur son temps, c'est celui de l’Allemagne nazie. Il perçoit très tôt et avec une grande clairvoyance l’étendue de la dangerosité d'Hitler.
Il a lu Mein Kampf dès 1925, et il prend la mesure de l'antisémitisme et de la volonté destructrice du futur Führer. Il comprend rapidement qu'il ne faut faire aucune concession à cet homme, qu'il n'y aura rien à en tirer. On lui reproche d'être manichéen, mais face à une personnalité comme celle d'Hitler, pas exactement portée sur la nuance et le respect de la parole donnée, il n'avait, l'Histoire le montrera, pas tort de l'être.
Hitler a pris le pouvoir en 1933 et réarme l'Allemagne. Face à cela, la politique du gouvernement britannique, menée par Neville Chamberlain, premier ministre conservateur, est celle de l'apaisement. Et Churchill, cette complaisance le révolte. Il est même prêt à surmonter son profond antibolchevisme pour faire une alliance avec l'URSS, lui qui par son isolement, s'est tenu à l’écart des luttes partisanes, ne ménage pas ses critiques.
Il tape du poing sur la table au moment de la signature des accords de Munich en septembre 1938. Pour éviter la guerre, le Royaume-Unis et la France acceptent que l'Allemagne annexe les Sudètes. "Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et il auront la guerre", déclare Churchill, ce qui sera, on le sait prémonitoire.
En mars 1939, Hitler occupe le reste de la Tchécoslovaquie et six mois plus tard, il envahit la Pologne ce qui plonge, plus le choix, le Royaume-Uni et la France dans le conflit. Churchill est alors rappelé au gouvernement. Un quart de siècle après son premier mandat, il réintègre la tête du ministère de la Marine. La légende raconte que l'état-major aurait envoyé à la flotte un télégramme indiquant "Winston is back".
Ces premiers mois d'affrontements, connus sous le nom de "drôle de guerre", ne sont pas un succès pour Churchill. Son offensive contre Allemagne qui occupait la Norvège pour des raisons d'approvisionnement en minerai, est un fiasco. Mais, ça n'entame pas sa popularité auprès de ses concitoyens qui voient d'ailleurs en lui un successeur potentiel à Chamberlain qui, trop pusillanime, est très critiqué sur ses capacités à conduire le pays en pareil moment.
Le 10 mai 1940, Churchill, succède à Chamberlain comme chef du gouvernement à 65 ans. Il a l'impression d’accomplir son destin, comme si toute sa vie passée n'avait été "qu'une mise en condition de ce moment et de cette épreuve".
À partir de l'été 1940 et afin de démoraliser l’Angleterre qui a refusé tout compromis, l'Allemagne fait pleuvoir des torrents de bombe sur Londres, Coventry, Plymouth, Birmingham et Liverpool. Mais, les aviateurs britanniques se défendent, s'imposent dans le ciel, ripostent en Allemagne pendant que Churchill rugit ses discours, trouvant là son surnom de lion. Et la population le soutient toujours. Résultat : Hitler ne parvient pas à envahir l'île et se jette sur l’URSS, brisant là son pacte de non-agression.
La Russie entre dans la guerre tout comme les États-Unis, jusqu’ici neutre après l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941. Churchill se frotte les mains. Il a bien fait de tenir bon, il gagne les Alliés qu'il a tant espérés : Staline et Roosevelt. Ce mariage de convenance entre ces hommes va bien fonctionner. Le 8 mai 1945, Churchill annonce à son pays que l'Allemagne a capitulé. "Ceci est votre victoire !", déclare-t-il à une foule immense qui l'acclame et celle-ci lui répond : "Non, c'est la vôtre !".
Sa clairvoyance face à l'Allemagne nazie, son déterminisme, son éloquence, l'ont conduit au sommet au moment où son pays et le monde avaient le plus besoin de lui.
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