Amis des mots, je suis toute contente ce matin : je viens de lire un livre réjouissant. Il s’appelle Les Mots qui ont totalement changé de sens. C’est l’œuvre d’Alice Develey et de Jean Pruvost, publié chez Mots&Caetera. La langue évolue, je le dis sans cesse, c’est même ce qui différencie une langue vivante comme le français d’une langue morte comme le latin dont il tire pourtant une bonne partie de ses origines, et ce livre en apporte la preuve fois cent.
Quels sont donc ces mots qui ont changé de sens ? Ils sont innombrables. Tenez, c’est la rentrée, voyons le mot "élève". "Elève" est d’abord entré en français au féminin, on en trouve la première trace en 1615, mais il ne s’agissait pas du tout d’enseignement (d’ailleurs l’école n’existait pas) mais d’agriculture.
"Faire une bonne élève", c’était "bien savoir faire croître les plantes ou les animaux". Ce dernier sens est aujourd’hui celui du mot élevage, qui n’existait pas à l’époque. Les premiers élèves au masculin nous viennent d’Italie, ce sont ceux des grands peintres de la Renaissance.
On dit aussi couramment qu’on élève un enfant. Que l’on soit enseignant ou parent, on fait pousser les enfants, on les porte vers le haut, bref on les élève !
Un autre mot qui a complètement changé de sens : "énerver". Comment définiriez-vous ce verbe, amis des mots ? Agacer, exaspérer, n’est-ce pas ? C’est ça… aujourd’hui ! Sauf qu’à l’origine "énerver" signifiait "affaiblir beaucoup" (c’est la définition de ce verbe dans le Dictionnaire français de Richelet, en 1680). Il vient du latin enervare, qui veut dire "retirer les nerfs". Sans nerfs, on est tout mou, donc énerver signifiait logiquement "ramollir". Quasiment l’inverse exact de son sens actuel.
Tenez, une autre métamorphose étonnante : "étonner", justement. Du XIIe au XVIe siècle, nous apprennent Alice Develey et Jean Pruvost, "étonner", c’était "ébranler quelqu’un physiquement, lui faire subir une violente commotion" (éventuellement par des coups, des violences). Et ce n’est pas si surprenant, quand on sait qu’"étonner" vient du latin extonare, qui veut dire "frapper de la foudre" - dans extonare on retrouve notre tonnerre français.
Le sens d’"étonner" s’est considérablement affaibli, pour arriver à celui que nous connaissons aujourd’hui. Dans le même genre, "formidable", à l’origine, signifiait "effrayant, redoutable", une personne "imbécile" était non pas idiote mais "faible, sans vigueur" (un peu énervée, au sens ancien, quoi !), et "farfelu" se disait d’un aliment "dodu, consistant".
Naturellement le français évolue encore, et peut-être encore plus vite qu’avant. L’autre jour, à une jeune personne qui lui disait qu’un film était "chan-mé", mon amie Suzanne, d’origine américaine, a demandé : "Chan-mé, c’est bien méchant en verlan ? Et... c’est positif ?!" Depuis quelques années, vous avez dû le remarquer si vous échangez de temps en temps avec des moins de 40 ans, "chan-mé", ça veut dire "formidable" (formidable, au sens du XXI siècle !). Et voilà, la langue évolue, CQFD encore une fois !
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