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Vocabulaire : qu'est-ce qu'un "gouliafre" ?
À la veille des fêtes de fin d'année, Muriel Gilbert nous offre sa moisson de mots inconnus relatifs aux agapes et aux congés…
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Crédit : felicia-montenegro/unsplash
Aujourd’hui, c’est vocabulaire ; j’ai eu la joie d’apprendre un mot nouveau, et vous savez comme j’aime ça, donc je m’empresse de partager cette confiserie de langue française avec les amis des mots ! Savez-vous ce qu’est un gouliafre ? On est entre le gouffre et les affres… moi non plus, je ne l’avais jamais entendu prononcer. Et pourtant (indice !) je ne suis pas loin de penser que nous sommes quelques-uns autour de cette table à être gouliafres, surtout à la période des fêtes…
Un gouliafre, c’est un goulu, un goinfre, et même précisément, ai-je découvert grâce à la SPM, “une personne qui mange ou boit goulûment et malproprement”. Finalement, je reviens sur ce que j’ai dit : goulus, peut-être, mais à RTL Matin Week-End, nous sommes goulus proprement.
Mais qu’est-ce que cette SPM ? La Société protectrice des mots. Elle a été créée il y a des années par un mensuel littéraire pour ados qui porte un joli nom : Virgule. Chaque numéro commence par une page consacrée à un terme à sauver. La SPM “recueille des mots maltraités, délaissés, en voie de disparition ou abandonnés”.
Quelle est l'étymologie de ce "gouliafre"
En ce mois de décembre, le mot vedette, c’est gouliafre. On l’emploie encore paraît-il dans le nord de la France et en Belgique – à noter que je le trouve plutôt, dans le Larousse comme dans le Robert, sans i au milieu, sous la forme goulafre, mais c’est bien le même mot, qui vient du latin gola, désignant “le gosier, la gorge”, qui a donné l’ancien français gole, puis naturellement notre gueule.
Il est de la famille du goulot de la bouteille, du goulet d’étranglement, de la goulée, cette gorgée avalée rapidement, du verbe dégouliner, ce qui tombe de la goule, et surtout du goulu, évidemment. Dans la même famille, il y a même l’engoulevent, figurez-vous, ce passereau qui vole le bec grand ouvert pour attraper des insectes. Eh oui, l’engoulevent, c’est l’oiseau “qui avale le vent”.
Dans les numéros précédents de Virgule, la SPM a récemment défendu le verbe louvoyer, par exemple, qui, avant de signifier, au sens figuré, “tergiverser, employer des ruses pour arriver à ses fins”, désignait au sens propre le fait de “naviguer en zigzaguant”, louvoyer étant basé sur le lof, le côté d’un navire frappé par le vent. Et tenez, puisque pas mal de gens sont en vacances pour les fêtes, il est temps de réapprendre, avec la SPM, à utiliser le verbe s’acagnarder, c’est-à-dire “traîner, fainéanter”.
Société protectrice des... mots
La langue, comme je le rappelle souvent, dépend de nous tous. Si nous n’utilisons pas un mot, il sort de l’usage, il disparaît. Comme la SPA, la SPM vous propose d’adopter le mot du mois. Pour cela, il suffit d’imaginer une phrase comportant ce terme, et l’envoyer à la rédaction du magazine Virgule, redaction@virgule-mag.com.
Vous recevrez votre carte de membre de la SPM. Moi, j’ai envoyé la phrase : “Je suis gouliafre de mots” ! Et, au passage, un abonnement à Virgule Magazine, voilà une bonne idée cadeau de dernière minute pour un ado !
