Un Français sur deux utilise tous les jours une invention ukrainienne. Et même, cinq Français sur cinq, puisque toute la Tablée du Petit Matin l'utilise. Comme d'ailleurs 32 millions de Français? Non, ce n'est pas le radio-réveil, mais WhatsApp.
Son créateur s'appelle Jan Koum. Il a eu 49 ans hier (lundi 24 février, Ndlr). ll est aujourd'hui milliardaire et son histoire est digne d'un biopic hollywoodien. Il est né à Kiev alors sous domination soviétique. Une mère femme de ménage, un papa dans la construction, une enfance agitée qui lui vaut punition sur punition à l'école et des origines juives qui le confrontent à l'antisémitisme.
Alors, quand l'URSS est démantelée en 1992, la famille Koum décide d'émigrer aux États-Unis. Jan et sa mère partent d'abord. Mais le rêve américain vire d'abord au cauchemar.
Le papa ne les rejoindra jamais, mort d'un cancer en Ukraine. Installés en Californie, ils vivent dans la pauvreté. Jan Koum a 16 ans, il fait déjà 1m88, il est timide, parle mal anglais avec un accent à couper au couteau. Bref, la victime parfaite pour le harcèlement scolaire.
Alors, il se réfugie dans les livres. Avec les quelques dollars gagnés dans l'épicerie où il fait le ménage, il en achète d'occasion pour apprendre tout seul l'informatique.
Trois ans plus tard, à force d'économiser, il réussit à s'acheter un ordinateur et devient hackeur. Sur un groupe de discussion, il rencontre celui qui va changer sa vie : Brian Acton.
Son nouveau pote le fait entrer chez Yahoo. Qu'ils quittent tous les deux en 2007. Que faire maintenant ? C'est l'iPhone acheté par Jan Koum qui va décider de la suite. Comme tous les développeurs peuvent créer pour ce smartphone alors révolutionnaire, il se lance. Il a une idée : une application qui permet d'afficher son statut et dire si on est disponible.
Il créé WhatsApp, un jeu de mots avec What's Happen (qu'est-ce-qui se passe ?). Et ce qui se passe pour lui, c'est rien. Gros bide. Personne ne télécharge son application.
Il est sur le point d'abandonner, mais Apple introduit les notifications. Ce qui change tout pour WhatsApp. Car les gens se mettent à utiliser cette application gratuite - et qui utilise le Wifi - en la détournant de son usage. Ce qui les intéressent, c'est échanger et non laisser des statuts. WhatsApp devient alors un service de messagerie, ce qui n'était pas l'idée originale de Jan Koum. Un service de messagerie aujourd'hui utilisé par plus de trois milliards de personnes dans le monde.
En 2019, Koum revend WhatsApp à Facebook qui avait refusé de l'embaucher 10 ans plus tôt. Montant de la transaction : 19 milliards de dollars. Dont 6 pour Jan Koum. Qui signe les papiers de la vente sur la porte des services sociaux où sa maman et lui venaient de retirer des bons alimentaires pour pouvoir manger 25 ans plus tôt...
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