Harcèlement scolaire : immersion au 3018, la plateforme d'écoute pour les jeunes victimes

Ce jeudi 7 novembre est la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, un fléau qui touche plus d'un million d'enfants en France chaque année. 1 écolier sur 5 a déjà eu peur de se rendre en cours lors de sa scolarité. Selon les informations de RTL, la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet visitera la plateforme du 30.18, désormais numéro d'écoute unique que les jeunes peuvent composer lorsqu'ils sont victimes de harcèlement.

RTL a pu s'y rendre et rencontrer les écoutants qui recueillent cette parole. Ce sont souvent des juristes ou des psychologues de formation. Chaque jour, de 9 heures à 23 heures, ils se relayent pour répondre aux appels ou aux messages reçus en ligne. "Bonjour, vous êtes au 30.18, je vous écoute ! Est-ce que je peux te tutoyer ?", commence l'une des écoutantes. Au bout du fil, une jeune fille de 16 ans raconte le harcèlement subi dans son lycée et les pensées suicidaires qui lui traversent l'esprit. Son casque sur les oreilles, l'écoutante prend des notes. L'appel dure une vingtaine de minutes. 

"Là en fait, on croise les doigts pour avoir suffisamment sensibilisé cette jeune fille sur le fait qu'elle devait absolument parler à l'établissement et les parents", raconte l'écoutante, qui explique ne pas faire de signalement pour harcèlement scolaire auprès des établissements, mais pouvoir "escalader" en faisant un signalement auprès de l’Éducation nationale si inaction des établissements.

Tout ça, c'est le premier aspect du travail des écoutants. L'autre, c'est la possibilité de signaler à des plateformes comme TikTok, Instagram ou Snapchat les contenus illicites que les victimes leur adressent, pour les faire supprimer rapidement.

Un harcèlement qui change de forme

Le harcèlement touche de plus en plus de jeunes, et prend des formes de plus en plus diverses. "On commence à avoir des révélations de harcèlement dès huit ans, jusqu'à présent on avait plutôt des révélations à partir du collège", analyse Samuel Combez, le directeur du 30.18. "Petit à petit, l'intelligence artificielle, ces applications, permettent de truquer des photos, des vidéos, de mettre un corps dénudé sur la tête d'un camarade et faire croire que c'est une photo réelle".

Depuis janvier, le 30.18 est devenu le numéro d'écoute unique pour les victimes de harcèlement. Les appels ont alors triplé : chaque jour, 400 jeunes ou familles environ contactent la plateforme, avec des pics à 900. Environ un appelant sur trois peut être pris en charge. L'association ne comprend qu'une douzaine d'écoutants : pour un bon fonctionnement, il en faudrait deux fois plus.