Rendez-vous non honorés, gardes obligatoires, assistants médicaux : Jimmy Mohamed analyse les annonces de Gabriel Attal

La Premier ministre Gabriel Attal n’a pas mâché ses mots lors de son discours de politique générale en annonçant que "lorsqu’on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye". Et c’est une très bonne chose car dans un contexte où l'on manque de médecins avec des délais de consultations qui s’allongent, rien de plus agaçant que d’avoir des patients qui prennent des rendez-vous sans les honorer. C’est une perte de temps et d’argent pour le médecin, mais aussi une perte de chance pour les patients qui ont du mal à trouver un praticien disponible.
 
Gabriel Attal appelle à sanctionner "dès cette année" ces nombreux "lapins" qui paralysent le système de santé sans en détailler les modalités pratiques. On estime que chaque semaine en France, 6 à 10% des rendez-vous médicaux ne sont pas honorés, ce qui représente près de 27 millions de rendez-vous médicaux non honorés chaque année, d’après l’Académie de médecine et l’Ordre des médecins. Cette annonce va donc dans le bon sens et devrait, je l’espère, être aussi appliquée aux autres professionnels de santé qui subissent exactement la même chose avec les infirmiers, les kinésithérapeutes, les sages-femmes...

Les gardes obligatoires vont décourager les médecins à s'installer dans les zones désertées

Autre annonce : la restauration des obligations de gardes en soirée ou le week-end dans certains départements où il n’y aurait pas d’accès aux soins. Là, je suis plutôt sur la réserve pour deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit de zones sous tensions, où les médecins sont déjà saturés et sous l’eau, comme c’est le cas un peu partout en France. Si vous rajoutez cette obligation de garde, on risque de les épuiser encore plus, qu’ils soient rincés le reste de la semaine tout en décourageant les plus jeunes à s’installer.
 
L'autre raison, c’est toute la question, presque philosophique, de savoir s’il faut permettre aux gens de consulter 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Pour faire simple, soit c’est très urgent et vous appelez SOS médecin ou vous vous rendez aux urgences, soit ça ne l’est pas et il n’y a aucune raison de consulter à 23h un médecin généraliste, car ça peut attendre le lendemain. Au-delà de l’accès aux soins qui doit s’améliorer, on doit aussi apprendre aux patients à consulter à bon escient. Un enfant, par exemple, qui a 40° de température, c’est certes angoissant en tant que parent, mais pas forcément urgent.

Les médecins souhaitent plus de temps pour de la médecine de qualité

Le Premier ministre a aussi annoncé qu'il allait accélérer le passage de 6.000  à 10.000 assistants médicaux qui permettront aux médecins de pouvoir se consacrer davantage aux patients et moins aux formalités administratives.

C’est une bonne chose, car effectivement, les médecins passent la plupart de leur temps non pas à interroger et examiner le malade, mais à aller chercher le patient en salle d’attente, lui demander de retirer son manteau, de récupérer sa carte vitale, de faire les ordonnances, l’arrêt maladie et de régler la consultation. Donc il faut décharger les médecins. 

En revanche, là où je suis plus inquiet, c’est que ces assistants médicaux sont prévus pour que les médecins ne fassent pas forcément une médecine de meilleure qualité mais surtout pour que nous voyions encore plus de malade sur une journée. Or, ce dont on a besoin et ce que les patients réclament, c’est qu’on prenne plus de temps avec eux et qu’on fasse de la vraie médecine, celle qui passe non pas par de l’abattage mais par de la vraie prévention.