Hier, j’ai poussé mon coup de gueule contre tous les saboteurs qui compliquent la vie des autorités sanitaires et des personnels soignants en colportant n’importe quoi à propos du coronavirus, de sa dangerosité et des moyens de s’en protéger. Mais comme je voulais vous prouver qu’au fond, je suis quelqu’un de bien, que je ne suis pas d’un agrégat de colère, d’agacement et de fatigue, je voudrais aujourd’hui décerner un bon point. Et ce bon point il est pour qui ? Il est pour un laboratoire pharmaceutique, Boiron.
Le laboratoire Boiron commercialise essentiellement des produits homéopathiques. En préambule, je reconnais qu’il m’est arrivé d’exprimer des réserves sur l’homéopathie, même si je conçois parfaitement que certains d’entre vous y aient recours, à partir du moment où ils ont la conviction que ça leur fait du bien. Mais là n’est pas le sujet du jour.
Ce que je souhaite souligner ce matin, c’est l’attitude responsable de Boiron qui a, dès le début de l’affaire, reconnu qu’il ne pouvait rien faire contre le coronavirus. Je cite le labo : "Il ne faut pas faire croire que l’homéopathie serait une solution miracle et ainsi prendre le risque de détourner certaines personnes de la conduite à tenir dans le contexte actuel".
Voilà ce qu’a fait savoir le labo par communiqué, tout en encourageant à suivre les seuls conseils de prévention : éviter la promiscuité, se moucher dans son coude ou dans des mouchoirs jetables à usage unique, se laver régulièrement et précautionneusement les mains, avoir du gel hydroalcoolique à disposition et porter un masque chirurgical si on est infecté par le virus.
Le laboratoire Boiron a fait cette démarche pour éviter que ne se répandent des âneries comme celle proférées par un homme politique suisse ou le gouvernement indien. Oui. Parce qu’il s’est trouvé un membre du Conseil national suisse (l’équivalent de notre Assemblée Nationale), pour tweeter que l’homéopathie pouvait affaiblir le coronavirus. Il a certes effacé son tweet mais le mal était fait.
Quant au gouvernement indien (qui préside quand même aux destinées d’1 milliard 400.000 personnes), il a aussi participé à cet improbable championnat du monde de la crétinerie en recommandant un médicament homéopathique contre l’infection à coronavirus.
Le pire, c’est qu’il l’a fait en disant s’appuyer sur les recommandations d’un groupe d’experts. Donc, encore une fois, merci au labo Boiron d’avoir joué à l’encontre de ses intérêts commerciaux en remettant ces dangereux ignares à leur place et en disant la vérité : contre le coronavirus, l’homéopathie n’est pas une option.
Mais j’y pense, tout à coup. Ce coronavirus n’a pas que des inconvénients. Eh bien que cette crise sanitaire permet de remettre quelques pendules à l’heure. C’est le cas à propos de l’homéopathie dont les limites sont en l’occurrence clairement exprimées, y compris par les principaux intéressés.
Et c’est surtout le cas à propos des anti-vaccins. Vous avez remarqué ? On explique quotidiennement que les chercheurs se battent pour trouver un vaccin contre le virus qui circule et, à ce jour, je n’ai pas entendu un seul anti-vaccin protester, nous dire que les vaccins c’était mal, que ça ne servait à rien, que c’était du poison, etc. Tant mieux. Le coronavirus aura au moins eu un avantage : celui de faire tomber les masques. Excusez le paradoxe.
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