C'est une affaire qui tombe au plus mal en pleine deuxième vague de l'épidémie pour la crédibilité des autorités sanitaires. La commission d'enquête du Sénat, chargée de tirer les leçons de la crise, met en cause le numéro deux du ministère de la Santé : Jérôme Salomon, l'homme qui fait régulièrement des points-presse sur l'épidémie.
Elle met en avant sa responsabilité dans la pénurie de masques dont on a souffert au printemps. D'après les conclusions de la commission, Jérôme Salomon aurait fait pression pour modifier une expertise qui recommandait un stock massif de masques.
Tout commence en 2018, bien avant la crise du coronavirus : Santé publique France commande une expertise indépendante sur le risque de pandémie de grippe et notamment sur le besoin en masques pour y faire face. Ce rapport est catégorique : il faut constituer un stock d'un milliard de masques, soit 50 masques par foyer. Ce chiffre est embarrassant pour le ministère de la Santé et son numéro deux Jérôme Salomon car depuis plusieurs années la doctrine est de ne pas renouveler ce stock d'État de masques, pour faire des économies. En effet, les masques ont une date de péremption. Il faut les jeter au bout de 5 ou 10 ans.
D'après les sénateurs et les mails qu'ils ont pu consulter, Jérôme Salomon aurait tenté de faire modifier ce rapport d'expertise, comme l'explique le sénateur Bernard Jomier : "On établit formellement qu'il y a eu intervention du directeur général de la Santé sur un rapport d'expert, et que contrairement à ce que semble indiquer l'auteur de ce rapport, celui-ci a bien été modifié, suite à cette intervention. Et ça c'est un dysfonctionnement grave du fonctionnement des pouvoirs publics", estime Bernard Jomier.