Sanofi s'apprête à se séparer de son entité "Santé Grand Public", qui regroupe, entre autres, le Doliprane, les compléments alimentaires et les médicaments sans ordonnance. Cette division représente 12% du chiffre d'affaires de Sanofi et 11.000 salariés dans le monde. Une fois scindée, la nouvelle entité portera le nom d'Opella. Sanofi conservera une part dans l'entreprise aux côtés de l'un des deux fonds d'investissement en lice, ainsi que la Banque Publique d'Investissement (BPI), représentant l'État.
Deux fonds d'investissement sont actuellement candidats à l'acquisition : le français PAI Partners, qui détient des participations dans des entreprises comme Grand Frais et qui a investi dans Labeyrie, et l'américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R), actionnaire de Conforama, Rexel (spécialisé dans la distribution de produits électriques) et SPIE (secteur du bâtiment).
Cette cession est hautement symbolique et politiquement sensible, notamment en raison d'une déclaration d'Emmanuel Macron faite lors d'une visite dans une usine Sanofi, le 16 juin 2020. Alors que la France sortait tout juste de la pandémie de COVID-19, le manque de produits de santé "made in France" (vaccins, masques, gel hydroalcoolique) a souligné la dépendance du pays envers l'étranger. Le président a alors désigné le Doliprane comme un symbole de la reconquête de la souveraineté industrielle française. Ce médicament s'est rapidement retrouvé au centre du débat.
Aujourd'hui, seuls deux des 13 sites de production du Doliprane sont situés en France, à Lisieux et Compiègne. Depuis près de 40 ans, la production du paracétamol, principal ingrédient du Doliprane, a été délocalisée en Inde et en Chine, qui fournissent désormais 80% du marché mondial.
Cette vente pourrait s'avérer embarrassante pour Emmanuel Macron, qui a publiquement affiché sa volonté de restaurer la souveraineté nationale dans le secteur pharmaceutique. Dans ce contexte, le choix de l'acquéreur revêt une importance particulière. Habituellement, les dossiers industriels de cette ampleur ne mobilisent pas directement l'Élysée, mais sont plutôt gérés par le ministre de l'Industrie ou, à la rigueur, le Premier ministre.
La question de la "préférence nationale" pourrait favoriser PAI Partners, mais cette décision pourrait également être perçue comme symbolique et non rationnelle. Bien que Français, PAI devra probablement s'associer à des fonds d'investissement étrangers, notamment singapouriens et émiratis, ce qui diluerait l'identité française de l'entreprise. De son côté, CD&R est un fonds purement américain.
Ajoutons à cela la possible intervention de l'État, via la BPI, pour limiter les risques de délocalisation et influencer la stratégie de la future entreprise. Cette situation laisse présager une gouvernance complexe pour Opella, et le futur propriétaire du Doliprane pourrait bien avoir quelques maux de tête à venir.
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