C'est une crise sans fin que traversent les services d'urgence. Manque de soignants, pas assez de lits, des temps d'attente interminables... La situation continue de se dégrader dans nos hôpitaux. Ces derniers mois, on entend régulièrement des témoignages qui dénoncent une mauvaise prise en charge aux urgences. À l'image de ce qui s'est passé la semaine dernière à l'hôpital Jacques Monod, au Havre. L'infirmière Jennifer Dumont Bouder est représentante CGT pour cet établissement.
"On était monté à 33 patients aux urgences, qui étaient parqués dans le couloir en rang d'oignons dans des lits depuis la veille. Il n'y a pas d'intimité, tout le monde court autour des gens, il n'y a pas de repos possible, ça reste quand même assez indigne", dit-elle. Des embouteillages de brancards dans les couloirs... Ce sont des scènes devenues fréquentes aux urgences, avec des drames parfois au bout. Début novembre 2023, dans le Var, la mort de Lucas, 25 ans, avait suscité une vive émotion. Sa mère, Corinne, avait témoigné sur RTL : "Il est mis sur un brancard et laissé de côté. Il n'y a pas de médecin qui voit Lucas à l'arrivée en fait. Il a souffert un martyr pendant des heures sur son brancard dans un couloir. Ils s'occuperont réellement de lui quand il fait un grave malaise, mais c'est trop tard".
La presse relate régulièrement des drames comme celui-ci. La semaine dernière encore, une femme a dénoncé sur RTL la mort de sa mère, âgée de 66 ans. Elle avait passé plus de 10 heures sur un brancard à Eaubonne, dans le Val-d'Oise.
Le syndicat Samu-Urgence de France avait entrepris un recensement de tous les décès dits "inattendus" : à cause du profil du patient, du motif de son hospitalisation ou du délai d'attente. En seulement deux mois (décembre 2022 et janvier 2023), 43 cas ont été recensés, un chiffre encore sous-estimé, selon Marc Noizet, le président du syndicat : "Il y en a sans aucun doute beaucoup plus parce que nos services d'urgence sont véritablement en grande difficulté actuellement. Il y a une forme de dangerosité, je pense qu'aujourd'hui il faut que tout le monde le prenne en considération. Il faut qu'on sécurise la prise en charge des patients, il faut qu'on arrête de faire mourir les patients dans les couloirs".
Du côté des données officielles, ces morts inattendus aux urgences sont recensés annuellement par la Haute Autorité de Santé (HAS). Selon les derniers chiffres, en 2022, elle a recensé près de 2.400 "événements indésirables graves associés aux soins". (dans 40% des cas, la nuit, le week-end ou un jour férié). Ce chiffre est en hausse de 27% par rapport à l'année précédente. Tous ces incidents graves ont entraîné, soit la mort du patient, soit des séquelles lourdes.
Pour améliorer la situation, des initiatives locales sont prises. Par exemple, à Strasbourg, la direction a agrandi l'espace des urgences en installant, il y a deux mois, des conteneurs sur le parking. L'objectif ? Y placer les patients à la sortie de l'ambulance, le temps qu'une place se libère. "La recherche de solutions pour nous, elle est louable, mais à partir du moment où il y avait un médecin qui était présent. Or, ce n'est pas le cas. Actuellement, ce sont deux ambulanciers qui peuvent prendre en charge jusqu'à huit patients. On estime que c'est une perte de chance pour les patients et régulièrement, on fait des alertes auprès de la direction en disant 'attention, danger dans les prises en charge'", explique Christian Prud'homme, secrétaire général FO pour les hôpitaux de Strasbourg.
Pour désengorger les urgences d'ici fin 2024, comme l'a promis Emmanuel Macron, il faut renforcer tous les autres services de l'hôpital. C'est ce que disent les soignants. Car une fois l'urgence passée, le malade doit être transféré ailleurs. En cardiologie par exemple, s'il a été admis pour un infarctus. Or, c'est là que ça bloque. Car trop de lits ont été fermés ces dernières années. Mais pour l'instant, le gouvernement préfère axer ses efforts sur l'amont des urgences en régulant l'accès à l'hôpital, grâce au Samu.
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