Une étude française montre des discriminations dans la prise en charge des malades. On y apprend que les femmes et les patients noirs seraient moins pris au sérieux en cas de douleur à la poitrine lorsqu’ils se présentent aux urgences.
On a interrogé près de 1.500 médecins et infirmiers exerçant dans une structure d’urgence en leur faisant passer un petit cas clinique avec la photo d’un patient. Le cas clinique est toujours le même, la seule chose qui change c’est que le patient est soit un homme soit une femme de différentes origines : caucasienne, c’est-à-dire à blanche, ou africaine, nord-africaine ou asiatique.
Je vous résume l'étude : vous êtes à l’accueil des urgences, vous avez un patient de 50 ans qui présente depuis le matin même une douleur à la poitrine qu’il a du mal à décrire, le patient semble essoufflé, ne prend aucun traitement et a fumé pendant 12 ans un demi-paquet de cigarettes, qu’il a arrêtées il y a 5 ans. On donne sa tension artérielle, sa fréquence cardiaque et son taux d’oxygène qui sont normaux.
Avec ces informations, le praticien devait évaluer le degré d’urgence de ce cas clinique. Comme c’est le cas habituellement quand vous êtes aux urgences, on va calculer un score pour savoir si on doit vous prendre en charge en extrême urgence ou si on peut vous faire attendre. Dans ce cas clinique, la note allait de 1 pour une urgence vitale à 5 pour quelque chose de pas du tout urgent.
Dans cette étude, on s’aperçoit qu’en fonction de son genre ou de sa couleur de peau, on n’est pas pris au sérieux de la même manière.
Ce cas clinique est celui d’un possible infarctus ou d’une autre pathologie potentiellement grave et urgente. Sauf que dans les faits, à symptômes et histoires équivalentes, les femmes seront moins prises au sérieux que les hommes. Le degré d’urgence sera considéré comme moins important pour les femmes que pour les hommes. Et c’est exactement la même chose pour les personnes noires.
Comment explique-t-on ces résultats inquiétants ? Pour le Pr Xavier Bobbia, urgentiste au CHU de Montpellier, le médecin qui a conduit cette étude, la réflexion médicale des urgentistes est "sexiste et raciste". Ces conclusions s’appuient sur 2 chiffres de son étude : 63% des hommes blancs ont été placés en urgence vitale pour seulement 42% des femmes noires.
Cela rappelle la triste affaire de la jeune Naomi Musenga qui avait été raillée au téléphone par l’opératrice du SAMU et qui est décédée après avoir été prise en charge avec un retard de 2h20 selon l’IGAS (l’Inspection des affaires sociales).
L’opératrice a été mise en examen la semaine dernière et cela traduit ce qu’on appelle le syndrome méditerranéen. Ce syndrome n’existe pas, c’est tout simplement un préjugé raciste pour les soignants à considérer que les personnes noires, nord-africaines ou bien d'autres personnes d'origine étrangère exagèrent leurs symptômes et leurs douleurs, ce qui entraine une mauvaise prise en charge avec une perte de chances de survie.
Pour autant, il ne faut pas mettre dans tout le monde dans le même sac, car non, les soignants ne sont pas racistes, il ne faut pas faire de généralité. Mais il faut vraiment travailler pour faire disparaitre ce genre d’inégalité et faire évoluer les mentalités. Une autre étude est en cours pour intégrer par exemple l’intelligence artificielle dans les évaluations de gravité.
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