Comment évolue l'épidémie de coronavirus ? La situation sanitaire sera au programme du Conseil de défense qui doit avoir lieu ce jeudi 23 septembre ou le vendredi 24 septembre. Si on entend tout et son contraire depuis des semaines, les autorités et les médecins disposent de plusieurs indicateurs.
D'abord, on ne peut pas vraiment comparer le nombre de nouveaux cas entre aujourd'hui et mars-avril dernier. On teste en effet beaucoup plus qu’en mars. Dire qu'il y a 10 fois, 100 fois plus de contaminations depuis début septembre qu’au printemps est donc faux. En vérité, on n’en sait rien car à ce moment là, on ne testait quasiment pas. Ce n’était pas du tout la même logique.
Le taux de positivité, qui donne le nombre de personnes positives par rapport au nombre de tests réalisés, est aussi une donnée intéressante. Il permet notamment de connaître les évolutions sur quelques semaines quand on lance une grande campagne de dépistage dans une région où il y a beaucoup de clusters.
Mais on ne peut pas non plus comparer le taux de positivité aujourd’hui avec le printemps. D’abord parce qu’à l’époque, tous les laboratoires ne faisaient pas remonter les données. Surtout, en avril, on testait à l’hôpital les personnes malades. Maintenant, on teste des gens a priori en bonne santé qui veulent assister à un mariage ou partir en vacances. On compare donc des torchons et des serviettes. D'autant plus que ce taux est sous-estimé à cause des embouteillages dans les laboratoires.
Autre donnée : les traces de virus dans les eaux usées. C'est un indicateur qui n’est pas assez précis : certes il mesure la quantité de virus très en amont, mais il ne permet pas de dire qui est touché, ou quelles sont les populations à risque. Or, c'est un élément très important dans le cadre d’une épidémie.
Les données les plus pertinentes sont le nombre de nouvelles hospitalisations, le nombre de personnes en réanimation et le nombre de morts. Des données quantitatives, qui ne dépendent pas d’une politique de dépistage, d’un nombre de barnums installés dans une région. C’est la réalité : une personne qui est malade, dont l’état s’aggrave et qui a éventuellement besoin d’oxygène. C’est factuel.
En ce moment, on voit justement une augmentation de 45% en une semaine des nouvelles hospitalisations. Il y a à ce jour près de 640 personnes en réanimation, contre 7.000 au moment du pic début avril.
Les chiffres sont beaucoup plus bas qu’au printemps, mais la courbe monte rapidement. La pente est raide : c’est ça qu’il faut regarder. Non pas sur un jour, mais sur une semaine, car c’est plus fiable.
Comme pour la météo, il faut faire attention aux projections. Au-delà de 7 jours, elles deviennent moins fiables. On sait que l’hiver approche, mais personne ne peut vous dire quel temps il fera le 25 novembre. Pour le coronavirus, c’est la même chose.
Santé publique France, pour se projeter, utilise les indicateurs sur les nouvelles hospitalisations. On peut dire par exemple que si rien ne change, elles vont doubler dans les 28 jours.
Enfin, il y a aussi le taux de reproduction du virus : le fameux R, qui est légèrement supérieur à 1. Mais comme les laboratoires sont saturés, il est sans doute sous-estimé. Un nouvel indicateur va voir le jour cette semaine : un taux de reproduction basé sur les nouvelles entrées à l’hôpital. Il sera très certainement largement supérieur à 1.
Pris de manière isolée, aucun indicateur n’est parfait. Il faut les mettre en perspective pour comprendre ce qu’il se passe, et surtout sans vouloir se projeter trop loin.
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Afin