Alors que
l'OMS recommande aujourd'hui de procéder massivement à des tests de dépistage
du coronavirus, la France semble en retard sur la question. Il faut dire qu'au
début, avant que l'on parle de pandémie, les données sur les cas
asymptomatiques n'étaient pas connues.
En France, on
avait alors pris le parti d'agir pour isoler les clusters (les foyers de
contamination). Faire un test était automatique. Mais ce n'est plus le cas. Seuls
les patients suspects et les personnels soignants sont désormais dépistés.
Selon Olivier Véran, le ministre de la Santé, la France réalise aujourd'hui 5.000
tests par jour. Et se prépare pour en faire plus le moment venu. Mais c'est
quand, le moment venu ? "L'enjeu concerne le moment de la levée du
confinement", a-t-il déclaré dimanche 22 mars sur RTL dans le Grand
Jury.
Les exemples de la Chine, de la Corée du Sud ou même de l'Allemagne prouvent que les campagnes de tests massifs sont possibles. Mais la France ne s'y est pas encore mise. La stratégie au départ était donc d'identifier les clusters et d'isoler les cas testés positifs. Ce qui a fonctionné aux Contamines-Montjoie en Haute-Savoie.
Mais la
propagation du Covid-19 s'est ensuite accélérée en grande partie à cause des
porteurs "sains" (asymptomatiques) ou peu symptomatiques. Décision a
alors été prise de ne tester que les personnes à risque.
Outre la
question stratégique au départ, c'est surtout le manque de moyens qui a empêché
la France de faire, par exemple, comme son voisin allemand (160.000 tests en une
semaine, selon le Pr Lothar Wieler, président de l'institut Robert-Koch). Il n'existe à l'heure actuelle qu'une seule technique de tests, et
elle est assez sophistiquée. Mais surtout, seulement 45 établissements sont en capacité d'analyser les résultats.
Le
gouvernement commence peu à peu à changer son fusil d'épaule. Le ministère de
la Santé envisage désormais de procéder massivement à des tests. Pour cela, il
compte avant tout sur la recherche. D'ici quelques semaines, la France pourrait
disposer de trois nouveaux tests, plus rapides à effectuer.
"L'espoir
est aussi tourné vers la recherche qui pourrait nous permettre d'ici à quelques
semaines de disposer d'une nouvelle méthode de diagnostic plus simple, plus
rapide plus largement diffusable sur tout le territoire national", a déclaré
Olivier Véran.
Mais pour
l'instant, le ministre de la Santé n'envisage cette fameuse phase de dépistages
massifs que pour après la levée du confinement. Ce qui est "irresponsable",
selon Pauline Londeix, cofondatrice de l'Observatoire de la transparence dans
les politiques du médicament, interrogée par Le Parisien.
Il n'y a donc à l'heure actuel qu'un seul et unique moyen de procéder à un dépistage du coronavirus. Le patient à risque est pris en charge dans un centre de dépistage. Il est isolé dans un box de consultation hermétique, où un médecin procède à un prélèvement de liquide dans la cavité nasale avec un écouvillon (une sorte de petite brosse).
Le
prélèvement est ensuite placé dans un flacon stérile envoyé au laboratoire pour
analyse. Après le
test, si le patient n'a aucun symptôme, il peut rentrer chez lui attendre ses
résultats. Dans le cas contraire, il reste hospitalisé. En laboratoire, son
échantillon est analysé en quatre heures environ.
Seules les personnes fragiles (de plus de 70 ans ou présentant certaines pathologies chroniques, cardiaques ou respiratoires), les personnes hospitalisées et les professionnels de santé - quotidiennement au contact du coronavirus - peuvent bénéficier d'un dépistage.
Commentaires