En France, les euthanasies clandestines sont pratiquées dans l'ombre. Illégales, elles se produisent quand un médecin ou un proche donne volontairement la mort à une personne malade, à sa demande. Entre 2.000 et 4.000 ont lieu chaque année, selon la dernière étude qui date de 2012.
Les débats sur la fin de vie débutent lundi 27 mai à l'Assemblée nationale, avec en question notamment l'encadrement de l'euthanasie. RTL a enquêté sur ces médecins et ces familles qui ont déjà eu recours à une euthanasie en France.
En Essonne, Mehdi se présente un cadre à la main. Il s'agit d'une photo de lui et de sa maman, Catherine. Atteinte de la maladie de Charcot, incurable, elle est décédée en janvier. Dès son diagnostic, elle s'est tournée vers l'euthanasie. "Elle nous a réunis, nous a annoncé qu'elle avait fait les démarches pour être euthanasiée en Belgique, raconte-t-il. Elle m'a dit : 'mon fils, je sais comment je veux finir, j'ai mis des règles'. À partir du moment où elle ne sera plus capable de parler et de s'alimenter toute seule, elle voudra partir."
Maman était dans un état où elle ne pouvait plus continuer à vivre comme ça
Mehdi, fils d'une personne ayant choisi l'euthanasie
"On a d'abord encadré maman avec des antalgiques, poursuit-il. Lorsqu'on a vu qu'elle était vraiment quasi endormie, j'ai arrêté la machine avec laquelle elle respirait. J'aurais préféré ne pas le faire, que ce soit un geste fait par quelqu'un d'autre. La fraction de seconde avant, tu te dis, ça peut mal se passer, elle peut étouffer. Et là, ça aurait été un moment très désagréable pour nous. C'était essentiel. Maman était dans un état où elle ne pouvait plus continuer à vivre comme ça."
La maladie a progressé vite et il lui était impossible de faire le trajet jusqu'en Belgique. Mehdi s'est alors tourné vers son médecin de famille, qui a refusé. Il est conseillé par d'autres professionnels, mais c'est à lui et à ses frères et sœurs de faire le geste final, en totale illégalité. Il ne fait pour le moment l'objet d'aucune poursuite, contrairement à des médecins qui sont aujourd'hui devant les tribunaux.
Des médecins qui ont pratiqué des euthanasies clandestines sont poursuivis en justice pour incitation au suicide, parfois pour meurtre. Dans ce cas, ils risquent jusqu'à 30 ans de prison, mais aussi la radiation par l'Ordre des médecins.
Elle ne voulait pas aller plus loin. Elle a fêté son anniversaire avec ses copines. Avec l'accord de ses parents, on l'a aidée à partir
Bernard Senet, médecin
Dans le Vaucluse, Bernard Senet, médecin généraliste retraité, a pratiqué deux à trois euthanasies par an en 25 ans de carrière. Pour cela, il s'est fourni en médicaments à l'étranger, puis a fait commander ces produits sur internet. "La première fois, c'était une jeune fille qui avait une maladie grave, qui avait 12 ans quand on a diagnostiqué, qui s'est battue pendant deux ans, se souvient-il. Elle ne voulait pas aller plus loin. Elle a fêté son anniversaire avec ses copines. Avec l'accord de ses parents, on l'a aidée à partir". Il est mis en examen pour incitation au suicide. Il encourt jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Son procès doit se tenir en 2025.
Des médecins continuent de faire des euthanasies malgré les risques, mais tous témoignent hors micro. Ces professionnels les pratiquent dans le secret le plus total, à la maison, dans les hôpitaux. Ils n'en parlent même pas à leur famille.
"C'est une débrouille permanente" confie l'un d'entre eux, qui se procure des médicaments en cachette, via des confrères en Belgique où l'euthanasie est légale. D'autres choisissent de surdoser des produits autorisés en France, ceux qu'on utilise déjà pour endormir profondément les patients à l'hôpital. "J'ai peur à chaque fois que je le fais, mais je préfère ça plutôt que laisser agoniser mes patients lors d'une sédation profonde et continue", justifie un médecin généraliste. Tous espèrent voir la pratique mieux encadrée. Ils comptent sur cette loi pour sortir de la clandestinité.
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