Il y a plus de 10 ans, le 22 novembre 2013, Georgette et Bernard Cazes ont mis fin à leurs jours à 86 ans dans une chambre de l'hôtel Lutetia à Paris. "Mon père a commencé à perdre la tête, et ma mère la vue. La perspective d’un long enfer s’est rapprochée chaque jour. D’où leur décision commune et évidente de se suicider ensemble avant cet enfer", écrit Jérôme Cazes, leur fils, dans une tribune publiée dans Le Monde. Invité de RTL ce vendredi 12 avril, Jérôme Cazes nous dit avoir "peur" que ce débat sur la fin de vie "tourne court".
"Mes parents étaient un couple fusionnel. Ils ont travaillé jusqu'à 80 ans, mais à 86 ans, tout s'est déraillé. Ils ont vu arriver comme un mur, un cauchemar où ils ne pourraient plus vivre ensemble", explique-t-il précisant avoir été "absolument" au courant de leur choix de mettre fin à leurs jours. "Ils voulaient bien finir leur vie et pour eux c'était quelque chose qu'on ne faisait pas en cachette, quelque chose qui se faisait en le disant à ses proches. Je ne savais pas quel hôtel, ni la date. (...) Il faut essayer de se mettre à la place de personnes qui ont pris leur décision en toute connaissance de cause et savoir à quel point c'est difficile quand on est deux personnes de 86 ans, de se suicider ensemble, sans souffrir si possible et en étant sûr qu'on ne va pas vous récupérer".
Georgette et Bernard ne souffraient pas d’une maladie incurable. Ils auraient pu vivre encore plusieurs années. Ils ne rentrent donc pas dans le cadre de la loi présentée mercredi au Conseil des ministres. "Le problème, c'est toujours comme souvent un manque d'empathie, on voit les choses à sa porte et on n'imagine pas ce que vivent les autres. On a mal pris le problème dès le début en France en considérant que c'était un problème médical. On a oublié que derrière, il y avait des problèmes de personnes pas de patients", dit-il, prenant en exemple le modèle suisse où le suicide assisté est autorisé depuis 1942. "Je supplie les parlementaires de prendre le train, de passer quelques heures en Suisse. Ils ont une solution qui marche depuis 80 ans".
Dans sa tribune, Jérôme Cazes estime que les médecins n’ont pas à se mêler de la question de la fin de vie. "Mes parents n'étaient pas malades. Une loi pour les patients, ça leur aurait paru lunaire. Ils auraient dit : 'On n'est pas des patients, nous sommes des individus'". Selon lui, la question de la fin de vie "est une des questions les plus essentielles et partagées par tous les êtres humains. L'un des droits essentiels, c'est la liberté de choisir quand et comment on sort de cette vie".
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