En politique comme dans la vie, on peut être amené à perdre. Et essuyer un échec, c’est difficile surtout si on s’est beaucoup investi. Cela nous confronte au réel, nous montre le décalage entre, par exemple, ce que nous pensons de notre projet et la façon dont il est perçu.
Qu’il soit personnel ou professionnel, l’échec déstabilise toujours. On peut se sentir dévalorisé. Il peut conduire à une perte d’estime de soi. Bien sûr, tous les échecs n’ont pas le même impact. Par exemple, lors d’une rupture venant de son conjoint, on est dans le rapport à l’autre et on peut ressentir un sentiment de rejet. Si on subit une faillite, on est davantage face à soi-même.
Alors, comment gérer ce sentiment d’échec, et les émotions négatives qu'il entraîne ? Shékina Rochat, docteure en psychologie à l’université de Lausanne, explique qu’un échec s’apparente à un processus de deuil : on doit renoncer à un projet dans lequel on s’était investi ou à une idée que l’on se faisait de son futur. Et souvent, on passe par toutes sortes d’émotions : du déni - en politique c’est quand par exemple un candidat fait recompter les bulletins de vote - à la colère envers les autres et envers soi.
Dans l’idéal, il est conseillé de ne pas éviter ses émotions, d’essayer de reconnaître ce qui se passe en nous, de mettre des mots dessus et de l’accepter. Et puis, c’est normal d’être déçu, d’être triste, en colère quand quelque chose auquel on tenait beaucoup ne va pas se réaliser. Donc, on va plutôt essayer de normaliser ses émotions négatives plutôt que les combattre.
Une fois passé le choc, il est important de s’arrêter pour questionner son échec, chercher à comprendre ce qui s’est passé. Soit c’est de la faute des autres, de la situation, de quelque chose d’externe à soi. Soit c’est de sa faute. Le plus souvent d’ailleurs, cela vient des deux : de causes externes et internes. Quand on pense être responsable d’un échec, c’est dur, mais en même temps on aura plus de prise sur la situation et davantage de moyens d’action pour changer les choses et faire autrement la prochaine fois.
Entendre ce que l’échec a à nous dire prend un peu temps, mais il est important de le prendre et de se demander si on est sur la bonne voie, si on doit persévérer ou si on doit bifurquer et aller voir ailleurs. Il y a aussi toujours à apprendre d’un échec. "Tomber pour mieux se relever".
À l’inverse de ceux qui sont dans le déni, ceux qui assument pleinement leur responsabilité dans l’échec ont plus de chance de ne pas répéter les mêmes erreurs. L’échec remet en question, et quand on l’accepte il a au moins ceci de positif : il permet d’apprendre. On tire d’ailleurs plus d’enseignements des critiques de son travail que des louanges.
Le philosophe Charles Pépin a écrit Les vertus de l’échec, un ouvrage qu’on pourrait envoyer à tous les candidats qui n’ont pas été élus au premier tour de l'élection présidentielle. Il s’agit d’une mine d’or dans lequel il dédramatise l’échec. Il montre combien échouer fait partie intégrante de la vie humaine.
C’est un signe qu’on a testé quelque chose de nouveau. Un ratage peut nous faire grandir, nous mener à la réussite, à la condition de ne pas s’identifier à son échec. On a raté. Ca ne veut pas dire qu’on est un raté, un nul. Ca veut dire qu’on est sorti de sa "zone de confort". Échouer a quelque chose qui a du prix à nos yeux, vaut toujours mieux que de ne pas essayer du tout. Et c’est comme cela qu’on peut bien vivre ses échecs.
Enfin, l’apprentissage n’est pas la seule vertu de l’échec. Il peut aussi nous dire qu’on n’avait rien à faire là et qu’on doit changer de voie, ou nous indiquer, tel un acte manqué, un désir inconscient. Au fond, la meilleure façon de bien vivre son échec, c’est de sortir d’une pensée binaire : échec ou succès. C’est d’ailleurs, comme cela qu’on doit comprendre la phrase de Nelson Mandela "Je n’échoue jamais, soit je gagne, soit j’apprends".
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