Présidentielle 2022 : Hidalgo et Montebourg accélèrent, vers un embouteillage à gauche ?
Anne Hidalgo va lancer une plateforme d'idées, Arnaud Montebourg veut propulser son nouveau parti. La gauche entre en ébullition à seize mois de l'élection présidentielle de 2022, avec comme défi de désigner un candidat naturel.

Embouteillage en vue à gauche pour 2022. Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg ont fait un pas supplémentaire vers une possible candidature à la présidentielle. L'entourage d'Anne Hidalgo a annoncé le lancement dans une dizaine de jours d'une "plateforme d'idées", confirmant une information du Parisien. "L'idée est de contribuer à un projet de gauche sociale et écologiste pour 2022", explique à l'AFP Emmanuel Gregoire, son premier adjoint, qui pilote cette plateforme nommée "Idées en commun".
Anne Hidalgo a longtemps répété qu'elle n'avait pas l'intention de briguer l'Élysée. Mais, poussée par certains, comme les présidents des groupes PS à l'Assemblée, Valérie Rabault, et au Sénat, Patrick Kanner, elle est de moins en moins catégorique et répète désormais qu'elle prendra "toute (s)a part" à la présidentielle. "Depuis septembre, le contexte politique a bougé", assure Emmanuel Grégoire, même s'il dit qu'il n'est "pas encore question pour elle de candidature".
En attendant, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a réaffirmé qu'Anne Hidalgo ferait "une excellente présidente". "Si elle est candidate, ce qui semble probable, elle sera la candidate du social-libéralisme" du "centre-gauche", a pour sa part commenté Jean-Luc Mélenchon qui veut, lui, "tourner la page de ce système absurde".
Lancement d'un parti pour Montebourg
Arnaud Montebourg, retiré de la vie politique depuis 2017 mais très actif ces derniers temps dans les médias, estime, lui aussi, "évident que la question de (s)on engagement" pour 2022 soit posée, comme il l'a encore signifié au Point. "L'engagement", c'est justement le nom du nouveau parti - et aussi de son livre publié en novembre - dont la naissance a été annoncée à l'AFP par ses proches.
"Une cinquantaine" de personnes travaillent à la mise en place du parti qui a pour objectif "de soutenir la candidature d'Arnaud Montebourg" et s'adresser à tous les Français "au-delà de la gauche", explique à l'AFP son président, Valentin Przyluski, ancien conseiller d'Arnaud Montebourg lorsque celui-ci était ministre de l'Économie sous Hollande. Devenu entrepreneur dans l'agroalimentaire bio, le chantre du "made in France" prépare ainsi, à 58 ans, le terrain pour un retour en politique au moment où l'un de ses mantras, la démondialisation, est, selon lui, "en train de se réaliser", avec la crise du coronavirus.
Contrairement à la maire de Paris, l'ex-ministre a déjà connu le chemin escarpé menant vers une candidature à la présidentielle, éliminé à deux reprises au premier tour de la primaire PS en 2011 et 2016.
Une multiplication de potentielles candidatures
Pour espérer reconquérir l'Élysée dans seize mois, Olivier Faure implore depuis des mois une candidature unique à gauche. "Si nous n'arrivons pas le plus rassemblés possible, nous sommes condamnés à un deuxième tour Macron-Le Pen, c'est une évidence, même un enfant de CM2 saurait vous l'expliquer", a-t-il répété sur Radio J, le 10 janvier.
Mais pour l'instant on est loin de l'union sacrée. L'insoumis Jean-Luc Mélenchon a déjà lancé sa campagne, sa troisième, et il est difficile d'imaginer qu'il se ralliera à qui que ce soit.
Les écologistes d'EELV ont, eux, annoncé une primaire pour désigner leur champion avant fin septembre et l'un de leurs chefs de file, Yannick Jadot, dit déjà se préparer pour l'échéance suprême.
Appeler au rassemblement sans leader pour incarner l'alternative est une démarche sympathique mais vaine
François Hollande
Olivier Faure est quant à lui bien déterminé à construire d'abord un "projet". Le premier secrétaire du PS veut à tout prix éviter la tenue d'une telle primaire, devenue une "machine à perdre" pour la gauche comme la droite ces dernières années. Mais à un moment, il faudra sans doute bien choisir. "Appeler au rassemblement sans leader pour incarner l'alternative est une démarche sympathique mais vaine", a insisté François Hollande, accusé dans la foulée par Olivier Faure de "tirer en permanence contre son camp".
Quant au PS, aucun candidat naturel à ce stade, mais des éléphants qui multiplient, quitte à agacer au sein du parti, les sorties médiatiques, à l'image de François Hollande et de Ségolène Royal. Et désormais deux figures, la maire de Paris Anne Hidalgo et l'ex-ministre Arnaud Montebourg, qui semblent vouloir prendre une longueur d'avance avec chacun la création d'une nouvelle écurie.
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