Dix ans. Le 23 avril 1013, l'Assemblée nationale votait en faveur de l'adoption du mariage pour tous. En dix ans, depuis la promulgation de la loi Taubira, plus de 70.000 unions ont été célébrées, soit 7.000 chaque année. Un chiffre qui reste assez stable dans le temps, mais qui reste une part faible de l'ensemble des mariages, entre 3 et 5 %.
Le mariage entre les couples de même sexe n'est pas venu bousculer ou remplacer le nombre de Pacs. Il en est devenu un complément, puisque le nombre de Pacs pour les partenaires LGBTQ+ est stable, par rapport aux chiffres de 2010. Désormais, il y a davantage de couple de femmes qui se disent "oui", que d'hommes, alors que les premières années de la légalisation du mariage pour tous, c'était l'inverse. Toutefois, on ne dispose pas de statistiques officielles sur le nombre d'enfants nés ou adoptés dans des familles homoparentales.
Avant d'être définitivement adoptée, cette loi avait fait naître de virulents débats, à l'image de toutes les grandes lois sociétales, comme l'avortement en 1974. Dans la rue d'abord, puisqu'un million et demi de personnes s'étaient amassées dans la rue à Paris. Le mouvement, sous l'impulsion de l'extrême droite et des groupes traditionalistes, avait pris de la Place de l'Étoile jusqu'aux Invalides, tout près de l'Assemblée, pour faire pression sur les parlementaires qui étaient en train d'examiner le texte.
Les violences se sont également emparées de l'hémicycle. "Dire que l'institution du mariage peut concerner deux personnes du même sexe, c'est comme dire soudain que le Père Noël est une femme", pouvait-on entendre lors des débats houleux. Dix ans plus tard, une partie de la droite semble encombrée par ces échanges. Une enquête de Numerama avait d'ailleurs signalé, durant les élections régionales, que des candidats de droite avaient été jusqu'à retirer toutes les références sur leur position anti-mariage de leur page Wikipédia.
La classe politique, même ceux qui ont voté contre, suit l'opinion publique, à l'image du tout dernier sondage sur l'adhésion des Français au mariage pour tous. Il date de 2016 et il y a sept ans, 65 % de la population se disait pour. Une partie des figures politiques a donc fait volte-face ou changé d'opinion et dit même regretter son choix, comme Valérie Pécresse, Christophe Béchu, Eric Ciotti, Damien Abad ou encore Christian Estrosi.
Parmi eux, ce vendredi 21 avril, Gérald Darmanin, qui avait voté contre, reconnaissait une "erreur" : "Je me suis trompé, je le reconnais", a-t-il avoué sur Franceinfo. "Je crois que la gauche à ce moment-là, le Parti socialiste, le président Hollande en particulier, a eu raison". Aujourd'hui, seul un texte sur la gestation pour autrui, auquel 57 % des Français sont favorables, ou encore sur la fin de vie, pourraient susciter de tels débats.