C’est un nouveau front qui s’ouvre dans la bataille autour de l’avortement aux États-Unis. Un juge fédéral, connu pour ses positions conservatrices et son hostilité à l’IVG, a ordonné vendredi 7 avril la suspension d’une pilule abortive, utilisée chaque année par un demi-million d'Américaines. Cette victoire des opposants à l’avortement a immédiatement suscité l’ire du camp démocrate, à commencer par le président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris.
Le locataire de la Maison-Blanche a fait savoir par communiqué qu’il allait "combattre" cette décision, qu’il a qualifiée de tentative "sans précédent de priver les femmes de libertés fondamentales". Kamala Harris a réagi peu auparavant, dénonçant une "menace contre les droits des femmes." "La décision sans précédent d'aujourd'hui menace les droits des femmes dans le pays à prendre des décisions pour leur santé et leur capacité à avoir accès à des médicaments prescrits par leurs docteurs", a déploré la vice-présidente.
Les élus démocrates du Congrès ont pour leur part concentré leurs critiques sur le juge texan ayant pris cette décision : "un juge extrémiste" pour leur ancienne cheffe à la Chambre des représentants Nancy Pelosi, un "juge voyou" pour son successeur Hakeem Jeffries.
Le ministère américain de la justice a de son côté annoncé faire appel de cette décision. La décision sera alors examinée en urgence par une cour d'appel située à la Nouvelle-Orléans, elle aussi connue pour son conservatisme. Le dossier devrait donc aboutir rapidement devant la Cour suprême des États-Unis.
Profondément remaniée par Donald Trump, la haute cour a accordé en juin une victoire historique aux opposants à l'avortement en supprimant le droit constitutionnel à interrompre sa grossesse, ce qui a rendu à chaque État la liberté de légiférer en la matière. Depuis, une quinzaine ont déjà interdit les IVG sur leur sol.
Mais même si la justice suspendait l'autorisation de l’Agence américaine des médicaments (FDA), il faudrait sans doute plusieurs mois avant que sa décision ne s'applique. Selon des experts en droit de la santé, le régulateur du médicament doit respecter une procédure stricte avant de retirer l'autorisation de ce produit, le mifépristone. Par ailleurs, les femmes et les médecins pourraient aussi se rabattre sur une seconde pilule, le misoprostol.