La France va entrer dans une période de crise. Une crise d’une ampleur telle, qu’outre un plan de relance économique massif, Emmanuel Macron va devoir absolument trouver le moyen politique pour
garder la main
sur le récit de son quinquennat pour
accompagner le virage écologique et social annoncé de sa politique, et puis, bien sûr, pour préserver ses chances d’être réélu en 2022. Il avait d’ailleurs annoncé lui-même, dès la mi-mars, avec un brin d’emphase, des "décisions de rupture" pour le fameux "jour d’après". Un mois plus tard il promettait même de se "réinventer, lui le premier".
Personne n'a idée de ce qu'il a en tête. Pour preuve ce petit bijou de novlangue, trouvé dans les colonnes du Monde, en début de semaine. C’est un proche d’Emmanuel Macron qui le dit, attention : "Le déconfinement étant engagé, le président va commencer à empoigner
pleinement l’anticipation et se projeter sur l’après, y compris politique".
Comprenne qui pourra. Et pendant ce temps là, on est pour l’heure, surtout frappés par le caractère attendu des hypothèses qui circulent. On parle, notamment, d’un inévitable remaniement gouvernemental. Avec cette question, à laquelle nul n’est aujourd’hui capable de répondre : changera-t-il de Premier ministre ? On se demande par ailleurs s’il optera enfin pour l’organisation d’un référendum, comme il l’envisage depuis la crise des gilets jaunes. On glose à l’infini sur l’opportunité de dissoudre l’Assemblée nationale.
Mais cela serait risqué. "Une dissolution, à ce stade du quinquennat ? ça serait une autodissolution", balayait un proche d’Édouard Philippe ce jeudi 21 mai à ce sujet. Pour ma part je serais tentée d’ajouter que le coup de la cohabitation, vous savez, pour user l’opposition en même temps qu’on réhabilite la figure présidentielle, est un peu cousu de fil blanc désormais. Si rien ne dit que le chef de l’État ne sortira pas du chapeau une solution jusque là jamais évoquée, on le voit : rien n’est moins évident que de s’autodisrupter quand on est déjà censé incarner la "disruption". Il y en a un qui a une idée assez précise de ce qu’Emmanuel Macron devrait faire, c’est Nicolas Sarkozy.
Il ne se prive pas de le dire, comme l’a raconté l’Express hier. Alors les mauvais esprits verront peut-être dans les conseils qu’il donne à Emmanuel Macron un hommage en creux à sa propre action après la crise financière de 2008. Il n’empêche qu’il y a probablement dans leur simplicité quelque chose de juste : "Il faut qu’il renverse la table !" dit-il à propos d’Emmanuel Macron. "Il faut refaire de la politique, il faut qu’il prenne des initiatives internationales, européennes, il faut faire des grandes réformes."
Alors ça ne l’a pas empêché, Nicolas Sarkozy, de parler remaniement avec Emmanuel Macron, quand ils ont déjeuné ensemble il y a 15 jours. Au regard de l’ampleur et de la gravité de la crise que nous nous apprêtons à connaître, la question ne serait pas tant pour Macron de réinventer Macron, mais de se montrer, comme président, à la hauteur de la situation. De
ne pas se payer de mots et, si possible, de renouer avec l’audace du candidat
Macron, sans renier son bilan.
Même ses soutiens les plus à droite en conviennent : le chef de l’Etat va devoir travailler l'image de président des riches qui lui colle à la peau. Pour ça il faudra sans doute trouver une façon de faire contribuer
les plus aisés à l’effort national. Pourquoi pas aller en allant prendre sur leurs contrats d’assurance-vie, par exemple ? C’est l’idée que défend ardemment un député hier. Ce serait un revanche un signal désastreux pour sa base électorale
de revenir sur une réforme aussi symbolique que celle de l’ISF, comme le lui soufflent certains. Quel que soit le prix qu’elle lui a coûté.
C'est comme ça, plutôt qu'en prétendant faire table rase, qu’il pourra - gouvernement de coalition ou pas - élargir encore son assiette politique. Le reste est entendu : l'idée est de se concentrer sur quelques grands dossiers pour la fin du quinquennat, comme la santé, la dépendance, ou la très attendue réforme institutionnelle, qui a été laissée en jachère. De donner du sens à son action dans un discours sans trop de fioritures. À l’heure de la crise, tout le reste, tout ce qui s’apparentera à de la communication, à de petites ficelles politiques, sera, au mieux, sans effet.
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