Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort ce mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine) dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.
Tribun hors-pair, provocateur sulfureux obsédé par l'immigration et les Juifs, patriarche contrarié par les siens, le Breton qui aimait à être surnommé "Le Menhir" avait sorti l'extrême droite française de sa marginalité au cours d'une carrière politique qui a marqué la Ve République. "C'est une figure de la vie politique française du XXe siècle et une figure majeure du XXIe siècle", a souligné Jean Garrigues sur RTL.
Selon l'historien, Jean-Marie Le Pen "a réussi cette forme d'exploit de réinstaller dans la vie politique française cette famille de l'extrême droite" qui avait été "très puissante dans l'entre-deux-guerres, autour de l'Action française, des croix de feu". Une famille ensuite "rejetée à la Libération", n'existant que d'une "manière parcellaire" avec "des petites organisations émiettées", "quelques royalistes", "quelques pétainistes".
Jean-Marie Le Pen a co-fondé le Front national en 1972. "Il a réussi cet exploit d'en faire une force politique de premier plan" au point de créer la surprise le 21 avril 2002 en se qualifiant, à 73 ans, pour le second tour de l'élection présidentielle (pour sa quatrième candidature à l'Élysée).
"Ces idées aussi étranges, caricaturales ou extrêmes ont réussi à s'implanter dans le cœur de beaucoup de Français", a poursuivi l'historien. Assurant que ce dernier "n'était pas du tout préparé" à diriger la France. "Ce n'était même pas son ambition." Le triomphe a son revers : pendant quinze jours, des millions de personnes ont défilé contre le racisme et son incarnation politique. Surtout, Jean-Marie Le Pen a permis la réélection facile de son ennemi juré, Jacques Chirac.
Reste que "les vrais dividendes de ce qu'a été Jean-Marie Le Pen ont été tirés par sa fille, qui a complètement transformé son parti. C'est un paradoxe".
Jean-Marie Le Pen a reconstruit l'extrême droite sur une base qui n'est pas celle du fascisme
Jean Garrigues, historien
Aux yeux de Jean Garrigues, Jean-Marie Le Pen est "un provocateur", "un aventurier populiste". Estimant que "sa structure philosophique et politique se fait autour de cette défense du peuple contre les élites. Il est antisystème avant tout. C'est pour ça qu'il rencontre, dans les années 1950, le fameux Pierre Poujade, à l'époque le tenant de cette famille populiste."
Aux ses côtés, il a été élu en 1956 à l'âge de 27 ans l'un des plus jeunes députés. "Il va finalement devenir une figure de proue relativement fréquentable pour l'extrême droite", a souligné l'historien. "C'est lui qui a percé à l'extrême droite et a pris la place de François Brigneau et des autres, des sortes de théoriciens de l'extrême droite assez néofascistes. Ce n'était pas un fasciste, c'est un populiste, c'est une sorte d'aventurier de la politique qui va réussir", a ajouté l'historien. Considérant que Jean-Marie Le Pen "a reconstruit l'extrême droite sur une base qui n'est pas celle du fascisme".
"On peut le taxer de raciste, de xénophobe, d'antisémite, mais je ne suis pas sûr qu'il l'était vraiment", a assuré Jean Garrigues. "C'était des instruments politiques pour capter un certain nombre d'électorat. Il ne faut pas se voiler les yeux. La France, surtout à cette époque-là, est très antisémite (...) C'est ce public-là que voulait séduire Jean-Marie Le Pen et c'est ce qu'il a réussi à faire."
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