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Jean-Marie Le Pen et Marine : retour sur un feuilleton familial (et surtout politique)

DÉCRYPTAGE - Cofondateur, président puis président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen aura entretenu une relation tumultueuse avec sa fille sur le plan politique.

Marine et Jean-Marie Le Pen réunis lors du congrès du Front national, à Cormont, le 29 août 2010
Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Marie-Pierre Haddad
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"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi". C'est ainsi que la famille du cofondateur du Front national a annoncé son décès, dans un communiqué transmis à l'AFP. Jean-Marie Le Pen est donc décédé, à l'âge de 96 ans, ce mardi 7 janvier

Carrière politique, rencontres, vie personnelle… Jean-Marie Le Pen se levait et se couchait en pensant au Front national. Il n'était pas le seul. Toute sa famille a été plongée dans la politique. Le château de Montretout fait davantage office de QG du Front national que de résidence familiale. 

Le vice de la politique est même venu se nicher dans les relations de Jean-Marie Le Pen avec ses filles. La plus emblématique reste celle qu'il entretient avec sa fille cadette, Marine Le Pen.

Lors de la campagne présidentielle, la candidate du Front national racontait dans Une Ambition intime être "celle qu'on envoyait" pour déranger le patriarche. "J'avais un rôle diplomatique. Je savais si c'était le moment de le déranger avec nos choses d'enfants", précisait-elle. De bras droit à héritière puis traîtresse… Retour sur la relation conflictuelle entre les deux têtes pensantes du Front national. 

La défense du père

Un lien indéniable a existé entre Jean-Marie Le Pen et sa fille. Au-delà du lien familial, Marine Le Pen lui ressemblait, selon les dires du cofondateur du Front national. Dans le livre La politique malgré elle (éditions La Tengo), consacré à Marine Le Pen, les journalistes David Doucet et Mathieu Dejean raconte qu'elle va "constamment être dans la défense de son père". 

En 1985, Libération dévoile des témoignages de tortures commises par l'homme politique lors de la guerre d'Algérie. Après les révélations du journal, Jean-Marie Le Pen aurait conseillé à sa fille de ne pas aller au lycée, au motif que ça allait "tanguer sec". 

Mais le lien entre le père et sa fille se matérialise à cet instant. Marine Le Pen décide malgré tout d'aller au lycée. "La tête haute, les lèvres serrées, elle fend les rangs en semblant les défier du regard, prête à répliquer à la moindre allusion aux accusations qui visent son paternel (...) Une légende familiale entoure cet épisode. Jean-Marie Le Pen le raconte encore avec émotion : 'Elle a été en cours en levant les bras ! Elle avait eu du cran.'", rappelle le livre. 

La "faute politique"

Peu à peu, la relation entre les deux personnages politiques va se détériorer. En juin 2014, le cofondateur du parti apparaît dans une vidéo dans laquelle il se moque des opinions engagées de Madonna et Patrick Bruel. "On fera une fournée la prochaine fois", déclare-t-il. Ce sont ces paroles polémiques qui ont poussé Marine Le Pen à dénoncer une "faute politique". C'est la première fois qu'elle prend ses distances avec les propos tenus par son père. 

Dans les colonnes du Figaro, elle explique : "Je suis convaincue que le sens donné à ses propos relève d'une interprétation malveillante. Il n'en demeure pas moins que, avec la très longue expérience qu'est celle de Jean-Marie Le Pen, ne pas avoir anticipé l'interprétation qui serait faite de cette formulation est une faute politique dont le Front national subit les conséquences. Si cette polémique peut avoir une retombée positive, c'est celle de me permettre de rappeler que le Front national condamne de la manière la plus ferme, toute forme d'antisémitisme, de quelque nature que ce soit".

Le "suicide politique"

Nouvelle polémique en avril 2015. Dans un entretien à BFMTV, puis une interview à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, Jean-Marie Le Pen réaffirme que les chambres à gaz sont "un détail" de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce sera la déclaration de trop pour sa fille, qui acte le divorce. 

Le cofondateur du Front national est "entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique. Son statut de président d’honneur ne l’autorise pas à prendre le Front national en otage de provocations aussi grossières dont l’objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement, à ses cadres, à ses candidats, à ses adhérents, à ses électeurs", écrit Marine Le Pen dans un communiqué. 

L'exclusion du Front national

Le 20 août 2015, le cofondateur de Front national est exclu de son propre parti, lors du bureau politique. "En l'absence de Marine Le Pen et Florian Philippot - portés pâles pour 'respecter l'impartialité des débats' -, c'est Jean-François Jalkh qui préside le bureau exécutif", rappelle L'Obs. Jean-Marie Le Pen est donc présent et prêt à en découdre. Il a préparé un communiqué dans lequel il écrit : "Je dispose (...) d'une immunité du fait de mon statut (...) et conteste la compétence des juges".

Son audition va durer environ trois heures. À la sortie, le président du FN déclare : "J'ai donné toutes les explications à ceux qui n'avaient pas toujours bien compris ce qui se disait ou se rapportait (...) Nous avons eu des échanges de vues variés et divers. Le bureau exécutif a décidé de se donner du temps".

Après 20 heures, le Front national publie un communiqué dans lequel est écrit : "À l'issue de la réunion qui s'est tenue ce jour, le bureau exécutif du Front national, réuni en formation disciplinaire, a délibéré et a décidé, à la majorité requise, l'exclusion de M. Jean-Marie Le Pen comme membre du Front national", annonce un communiqué du parti.

La confirmation de la justice

En 2018, la justice confirme l'exclusion de Jean-Marie Le Pen. Ce dernier reste néanmoins président d'honneur. Immédiatement, cette décision est balayée par une autre : va-t-il se rendre au congrès du parti qui se déroule quelques jours plus tard, le 6 février ?

"Renforcé par la validation de sa présidence d’honneur par la justice, Jean-Marie Le Pen pourrait bien se laisser tenter. Son entourage menace même de réclamer les astreintes dues (…) 'en fonction du comportement du FN vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen à l’occasion du congrès'. Dans l’autre camp, le secrétaire général, Steeve Briois, a annoncé que le FN lui bloquera l’entrée", relate Le Monde

Finalement, le président déchu ne se rendra pas au congrès. À l'antenne de RTL, il explique ne pas vouloir "être complice, de l'assassinat du Front national qui va s'y dérouler". Et d'ajouter : "Mais je demande à tous mes amis qui souhaitaient venir à Lille pour me soutenir, de ne pas le faire. Je n'irai pas à Lille, parce que je ne veux pas être complice de l'opération de force qui a été annoncée par le secrétaire génération M. Briois (…) On ne perturbe que ce qui existe et malheureusement c'est en voie de cessation d'existence".

Fin du FN... et début du RN

Après sa défaite à l'élection présidentielle, Marine Le Pen estime qu'il est temps d'acter une nouvelle étape dans la vie du Front national. D'après la présidente et les adhérents, cela passe par le changement de nom du parti. "Hommage au Front national, vive le Rassemblement national", déclare-t-elle. 
Ce changement de nom "ferme un chapitre de l'histoire de notre mouvement national ouvert il y a un peu plus de 45 ans, mais c'est pour mieux en ouvrir un autre qui, je le crois, ne sera pas moins glorieux", promet-elle en saluant les "peuples européens qui se réveillent". Une allusion à l'accession au pouvoir de partis alliés d'extrême droite en Europe, notamment en Italie. 

Jean-Marie Le Pen avait estimé "désastreux qu’on abandonne le nom Front national, car c’est un repère inimitable et incontournable. Marine Le Pen a manqué d’imagination semble-t-il en choisissant ce nouveau nom, qui a déjà été utilisé deux fois, une fois aux cantonales de 1985 et une fois aux législatives de 1986". Et de poursuivre : le FN, c’est "une âme, une histoire, un passé. Faire fi de tout ça me paraît désastreux".

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