Présidentielle 2002 : "Le Pen a profité de la campagne de Chirac", selon Alain Duhamel
LES PRÉSIDENTIELLES - Lionel Jospin éliminé au premier tour, un face-à-face Jacques Chirac - Jean-Marie Le Pen au second : le 21 avril 2002 a résonné comme coup de tonnerre politique.

Pour Alain Duhamel, le 21 avril 2002 restera "la plus grande surprise" de sa longue carrière de journaliste politique. Il explique qu'à l'époque, on avait "bien remarqué la montée de Jean-Marie Le Pen" dans les sondages. Le leader frontiste avait d'ailleurs déjà par deux fois atteint les 15% à une élection présidentielle. "On n'était pas plus surpris, et on n'en tirait pas d'autres conséquences que cela", confie l'éditorialiste. Six mois avant le scrutin, Lionel Jospin passait pour "le grand favori".
Que s'est-il produit ? "Jacques Chirac a fait une campagne cynique, mais extrêmement efficace", analyse Alain Duhamel, notant que l'intéressé n'est "jamais meilleur qu'en campagne". L'ancien président du RPR "a compris très à l'avance que s'il faisait campagne sur le bilan économique et social de Jospin, celui-ci était plutôt positif (c'est la seule fois où, en trente ans, le chômage a reculé de façon significative)". Ainsi, "l'intelligence de Jacques Chirac été de choisir le terrain de la sécurité", note Alain Duhamel. Une ligne que le président sortant a menée jusqu'au bout.
"L'autre surprise, c'est que Jean-Marie Le Pen fait moins peur. Cela signifie que les Français sont plus en colère que d'habitude (...), mais aussi que Le Pen a été bon dans son genre", décrypte le journaliste. Si le leader du Front national a gagné 1,5 point, "c'est parce qu'il a profité de la campagne de Jacques Chirac contre la violence et l'insécurité, tandis que Lionel Jospin faisait une campagne protestante, sobre, honnête et un peu rigide".