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BUDGET - Le ministre Laurent Saint-Martin est l'invité de Thomas Sotto
Crédit : RTL
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Moins de fonctionnaires, plus d'impôts pour les grandes entreprises et les plus riches : le gouvernement français a drastiquement freiné les dépenses tout en renouant avec les hausses d'impôts dans son projet de budget pour 2025 qui vise à assainir les finances publiques, dans un climat politique très instable.
L'exécutif a détaillé comment il comptait trouver "60 milliards d'euros", un montant inédit sous la Ve République, dans les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui seront âprement débattus à l'Assemblée nationale où il est minoritaire. Le Premier ministre Michel Barnier vise un effort partagé pour préserver la crédibilité française auprès des marchés financiers et de l'UE, qui a épinglé Paris pour ses déficits excessifs.
De son côté, le Haut Conseil des finances publiques a jugé "fragiles" les attentes budgétaires du gouvernement après un "dérapage" du déficit 2024 jugé "absolument considérable et inédit" par son président Pierre Moscovici.
Est-ce un premier tour d'austérité avant une deuxième couche annoncée plus tard ? "Ce n'est pas un budget d'austérité, ni un matraquage fiscal. C'est un budget équilibré pour pouvoir être responsable dans une situation grave. Celle d'un déficit public qui augmente et qui n'est pas soutenable", a indiqué ce vendredi 11 octobre Laurent Saint-Martin sur RTL.
Nous ne pouvons pas laisser déraper nos comptes"
Laurent Saint-Martin, ministre du Budget
Pour le ministre du Budget, "nous ne pouvons pas laisser déraper nos comptes. Nous devons réduire ces déficits en faisant des économies". Rappelant que le chiffre de 60 milliards n'est pas "une règle d'or" mais la "condition pour atteindre 5% de déficit public en 2025".
Avant de prévenir : "Mais attention, ce n'est pas la fin de l'histoire. Nous serons encore en train d'augmenter notre dette avec 5% de déficit public."
"Si on ne fait pas cette marche ambitieuse en 2025, le retour sous les 3% de déficit public à horizon de 2029 ne sera pas possible", a assuré le ministre.
"Une véritable saignée", un "sabordage de l'école publique" : la suppression de 4.000 postes d'enseignants dans le budget 2025 de l'Éducation nationale, principalement en maternelle et en élémentaire, a scandalisé des syndicats déjà peu convaincus par les premiers pas de la nouvelle ministre.
"À la rentrée 2025, on estime qu'il y aura à peu près 100.000 élèves en moins. Qu'est-ce que la bonne gestion de l'argent des contribuables ? Un budget d'un ministère doit-il être systématiquement en hausse en moyens et en effectif ? Ou est-ce celui de s'adapter à la réalité du besoin du service public ?", s'est interrogé Laurent Saint-Martin.
Si le ministre du Budget a dit "entendre toutes les difficultés dans l'Éducation nationale", "nous n'avons pas à augmenter systématiquement le nombre de professeurs quand le nombre d'élèves en face va diminuer".
Et d'insister : "Nous allons augmenter le nombre de professeurs par rapport à la réalité du nombre d'élèves à la rentrée 2025. Il est donc totalement faux de dire que c'est une cure d'austérité. C'est au contraire une augmentation du taux d'encadrement à l'école."
"Si on devait supprimer exactement le nombre de professeurs en proportion exacte de la baisse démographique du nombre d'élèves, on devrait en supprimer 4.800", a-t-il expliqué. Or, "on en supprime 4.000" tout en "embauchant 2.000 AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap)".
Les hausses d'impôts atteindront 19,3 milliards d'euros selon Bercy, un revirement après sept ans de baisse de la fiscalité. "Pour les grandes entreprises (environ 450), nous avons demandé après des années de soutien qu'elles puissent contribuer pendant deux ans à cet effort de redressement des comptes publics par un prélèvement exceptionnel à hauteur de 8 milliards d'euros", a rappelé Laurent Saint-Martin.
Les entreprises de fret maritime comme les transports polluants paieront également leur écot. Le malus écologique sera durci. Une taxe sur les billets d'avion est par ailleurs envisagée par amendement pour un milliard d'euros. Pour les particuliers, le ministre du Budget parle d'"un effort sur trois années" concernant "à peu près 0,3% des foyers contribuables" (gagnant plus de 250.000 euros annuels pour un célibataire).
Se targuant de vouloir préserver "les plus modestes" et "ceux qui travaillent", le gouvernement va revaloriser de 2% les tranches de l'impôt sur le revenu pour compenser l'inflation. "Nous avons besoin de rester un pays attractif pour qu'il y ait encore de l'investissement chez nous", a poursuivi le ministre.
Après une baisse énorme durant la crise inflationniste, une taxe sur l'électricité (TICFE) serait relevée drastiquement (3 milliards) tout en garantissant une baisse "de 9% à 10% de la facture des ménages aux tarifs réglementés en février", a souligné Laurent Saint-Martin.
Cette baisse "va être permise par la baisse du prix de l'électricité", a indiqué le ministre du Budget. Et d'ajouter : "Ce n'est pas pour autant qu'il n'y aura pas effectivement un relèvement de la taxe sur l'électricité. Ça s'appelle finalement retirer les boucliers mis en place pendant la crise inflationniste."
Ce dernier a insisté sur la nécessité de "remettre des niveaux de fiscalité d'avant crise inflationniste". Et de conclure : "Nous avons collectivement besoin de faire face à cet effort de redressement des comptes publics" tout en "nous assurant que le pouvoir d'achat de nos concitoyens soit bien lui aussi protégé à travers cette baisse des tarifs de l'électricité".
Pour économiser 4 milliards d'euros, le gouvernement va reporter de six mois, au 1er juillet 2025, la revalorisation des retraites, indexée sur l'inflation, qui intervient habituellement en janvier. "Nous indexons bien les pensions sur l'inflation en 2025", a confirmé Laurent Saint-Martin. Mais "dans un effort de participation aux finances publiques", il y aura "un décalage de six mois".
Toutes les retraites seront-elles concernées ? "Non, d'abord, le minimum vieillesse sera bien revalorisé au 1er janvier et nous aurons le débat au Parlement pour voir le niveau de pension que nous devons décaler à partir du 1er juillet", a expliqué le ministre du Budget.
Enfin, la baisse du taux de remboursement par la Sécurité sociale des consultations chez le médecin "fait partie des options" envisagées. Estimant cette mesure "nécessaire". Interrogé sur une baisse à 60% - contre 70% actuellement - du taux de remboursement par la Sécurité sociale d'une consultation, il a déclaré que cela faisait "partie des options". "Je crois que c'est nécessaire", a-t-il ajouté.
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