240 témoignages, 12 condamnations à mort : il y a 80 ans, des hauts responsables nazis jugés lors du procès de Nuremberg

Un procès pour l'Histoire. Il y a 80 ans à Nuremberg, en Allemagne, 24 hauts responsables nazis se trouvaient sur le banc des accusés, jugés par le tout premier tribunal pénal international de l'Histoire. Adolf Hitler s'était suicidé quelques mois avant, en avril, et donc c’est dans sa garde rapprochée que l'on cherche les responsables de la Shoah.

Dès l’ouverture du procès, moment choc, le procureur américain a besoin d’une journée et demie pour lire l’acte d’accusation. C’est toute l’horreur des camps d’extermination et des crimes de guerre qui s’invite dans la salle 600 du tribunal miraculeusement épargné par les bombardements. 

Hermann Göring le successeur autoproclamé de Hitler, s’avance le premier à la barre, et bravache, il se déclare "non coupable". Mais au fur à mesure que les preuves l’accablent, il se retranche derrière des lunettes de soleil. Plus de 4.000 pièces à conviction et 240 témoignages, dont celui de Rudolf Höss, le commandant du camp d’Auschwitz. "Pendant l’été 1941, j’ai été personnellement convoqué à Berlin et j’ai reçu l’ordre du Führer de lancer la solution finale à la question juive", déclare-t-il. 
Après 218 jours d'audience, le procès s'achève le 1er octobre 1946 : douze condamnations à mort, six peines de prison et trois acquittements. L'Allemagne est complètement à terre, avec des millions de personnes déplacées, des villes entière en ruine et plus aucune structure politique fonctionnant. 

L'acte de naissance juridique du crime contre l'humanité

À cette époque, il y a du côté de la population, l’envie de vite passer à autre chose, de tourner la page sans trop poser de questions. Après le verdict, des habitants approuvent la justice des vainqueurs au micro de Radio Munich. "Je ne suis juste pas d’accord avec les acquittements", déclare un alors qu'un autre ajoute : "Ça a été long mais c’était nécessaire." Il faudra attendre les années 60 ensuite pour que la justice allemande se penche enfin sur les crimes nazis. 

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Ce procès marque donc l'acte de naissance juridique du crime contre l'humanité mais aussi de la justice pénale internationale, puis du tribunal pénal international, aujourd'hui sanctionné même par les États-Unis, l’un des pays fondateurs de cette justice. 

Un drôle de contexte pour les 80 ans du procès. Aujourd'hui, les juristes qui perpétuent la mémoire de ce moment d’histoire se disent tous un peu dépités, comme Gurgen Petrossian de l’académie des principes de Nuremberg. Comme le résume l’actuel président du tribunal de Nüremberg : au fond, c’est la raison d’être de cette justice internationale d’être l’ennemi des autocrates. 

Oui il y a de l’amertume mais en même quand le tribunal pénal international est attaqué cela veut dire qu’on ne peut plus l’ignorer, et qu’il tape où ça fait mal. C’est un outil qui dérange la politique, et c’est très bien d’avoir un outil qui dérange !

Gurgen Petrossian, de l’académie des principes de Nuremberg, à RTL

Et 80 ans plus tard, un dernier mystère reste : Herman Göring, qui faisait partie des condamnés à mort, a réussi à échapper à la sentence en avalant une capsule de cyanure dans sa cellule malgré la surveillance permanente dans la prison. Il y a plusieurs théories, notamment la piste d’un stylo qui aurait pu contenir cette capsule, stylo donné par un jeune gardien américain naïf. Mais en vérité, on ne sait toujours pas aujourd’hui comment Göring est entré en possession de cette ampoule de poison.