Ce qui est fascinant, c’est de voir les commentaires sur les élections municipales, qui reproduisent les mêmes schémas, les mêmes analyses, "les restes du socialisme municipal", "machin s’est allié avec truc", "la vague verte" après les vagues roses ou bleues…
Mais à 59,5% d’abstention, est-ce que tout ça a un sens ? Est-ce qu’on peut parler du triomphe de tel ou tel ? 63% d’abstention à Paris ! Il faut retomber sur terre : si on convertit en pourcentage des inscrits, on s’aperçoit que plus aucun élu n’a la moindre légitimité. Et c’est absolument consternant.
Pour le dire simplement, l’élection présidentielle de 2017 traduisait une défiance majeure envers la classe politique, à travers le fameux "dégagisme". Emmanuel Macron avait soulevé quelques enthousiasmes en prétendant s’appuyer sur l’élan des citoyens, sur la démocratie participative…
Résultat, il a mis en place une forme de néolibéralisme autoritaire qui a braqué les uns, dégoûté les autres, et là, on s’aperçoit que la dernière élection qui semblait encore mobiliser les citoyens est pulvérisée façon puzzle. C’est le dernier échelon de la démocratie qui saute. Emmanuel Macron n’est que l’aboutissement d’un processus, mais le bilan est ravageur.
Mais cette défiance s’explique aussi par le poids des affaires. On le voit avec le procès Fillon. Il y en a qui s’inquiètent du rôle des juges, des gens non élus qui peuvent fragiliser une élection. Mais les juges n’arrivent qu’après, quand les politiques ont à ce point abandonné leur rôle, renoncé à leurs prérogatives, que les incartades financières deviennent totalement insupportables. La demande de transparence n’est qu’un des éléments de cette crise démocratique, une conséquence logique et pas franchement illégitime.
Mais là encore, ça révèle un déséquilibre entre les pouvoirs qui constituent la démocratie. Le législatif a été éradiqué et Emmanuel Macron a poussé jusqu’au bout l’effacement du parlement, qui devrait être normalement l’émanation de la volonté des citoyens pour rédiger les lois.
L’exécutif est tout-puissant, mais soumis à une administration à la fois hypercentralisée et pétrie d’idéologie néolibérale, acquise au libre-échange, à la dérégulation internationale.
Restent les juges, des individualités dans un système judiciaire sous-doté financièrement. On peut faire tomber un politique, mais on n’a pas de quoi assurer la justice pour le citoyen lambda.
Il y a un travail institutionnel à faire. On ne peut pas rester sur ce déséquilibre des institutions qui est la conséquence des bidouillages de la Vème République. Mais ça, c’est le côté technique. Le vrai sujet, c’est de faire en sorte que les politiques fassent ce pour quoi ils ont été élus. Qu’enfin, les citoyens aient l’impression que leur vote sert à quelque chose. Un truc de dingue : ça s’appelle la démocratie. Et ce n’est plus pratiqué en France.
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