ÉDITO - "Macron est devenu le maître des horloges déréglées", selon Étienne Gernelle

"Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas". Le "maître des horloges" est une expression utilisée par Emmanuel Macron lui-même pour parler de lui. C'était en 2016, et cela signifiait que le tempo, c'est lui qui le dictait. On dirait bien qu'aujourd'hui, il a précisément perdu le sens du rythme. C'est fascinant : il fait tout à contretemps.

Récemment, c'est stupéfiant. Prenez sa déclaration sur l'arrêt des livraisons d'armes à Israël. Inutile et déplacée, à quelques jours de l'anniversaire du 7 octobre, et surtout pile au moment où Israël subit des attaques massives du Hezbollah puis de l'Iran.

Cela lui a d'ailleurs valu des sifflets lors de la cérémonie du Crif en hommage aux victimes du 7 octobre. Tout cela parce qu'il a voulu plaire à tout le monde en même temps. Or, le "en même temps" au Proche-Orient est compliqué. Mais peut-être aussi que, d'une manière générale, Macron a perdu le sens du tempo.

Comment a-t-il perdu le sens du rythme ?

La dissolution, c'est évident. Dire "je redonne la parole au peuple" le soir d'un scrutin était un contretemps absurde. Cela revenait évidemment à donner le bâton pour se faire battre.

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Mais cela a sans doute commencé avant, en 2022 : nommer à Matignon Élisabeth Borne, qui vient de la gauche, juste avant les législatives qui allaient consacrer son besoin de faire alliance à droite. C'était un autre énorme contretemps.

Pourtant, son ascension éclair a plutôt montré qu'il savait saisir le moment présent. Macron, conseiller de François Hollande à l'Élysée à 34 ans, ministre à 36, président à 39. Il allait vite, sautait sur les opportunités au bon moment. Par ailleurs, et ce n'est pas un si grand paradoxe, le maître des horloges a toujours eu une propension à arriver en retard à ses rendez-vous. Bien avant d'être président.

Quand je l'ai connu, Macron était un jeune inspecteur des finances. Il arrivait toujours en retard quand on avait rendez-vous. Parfois plus d'une heure. Maître des horloges, c'est aussi penser que les autres s'adapteront. Le problème est que la réalité, elle, n'attend pas.

Quelle réalité ne l'attend-il pas ?

Celle des finances publiques, par exemple. Macron a été quasiment le seul dirigeant européen à continuer l'arrosage d'argent public après le Covid. Il a laissé filer le temps et les comptes.

Enfin, cela ne l'empêche pas de faire des discours. L'horloge est un peu déréglée, mais ça reste une horloge parlante !

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