ÉDITO - La chasse aux fraudes fiscale et sociale, "c'est le fantasme du trésor caché", estime Étienne Gernelle

Lors de son discours de politique générale, mardi 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a dit vouloir lutter contre la "fraude sociale" et "la fraude fiscale". Deux incantations magiques que l’on invoque quand on ne sait plus quoi faire. Le fait que Michel Barnier les ressorte est tout sauf anodin. 

C’est vieux comme la politique. Quand on n'arrive pas à boucler un budget, on dit : "ah mais c’est simple, on va lutter contre la fraude, et l’argent va couler à flot". En général, la fraude sociale, c’est l’incantation magique de la droite : c’est facile, on va récupérer des milliards de fraude aux allocations.

La fraude fiscale c’est l’incantation de la gauche : c’est facile, il suffit de retrouver ces milliards planqués par ces salauds de riches. Dans les deux cas, c’est une blague. Bien sûr qu'il y a beaucoup de fraude. Lutter contre la fraude, c’est indispensable, mais ce n’est pas une recette magique. 

En 2023, presque 11 milliards ont été récupérés par le fisc, un chiffre stable ces dernières années. Environ 2 milliards ont été recouvrés côté fraude sociale : un chiffre en augmentation, il y a eu des progrès, mais ça ne va pas non plus doubler. La lutte contre la fraude est longue et, par nature, il est difficile d'en estimer le potentiel. 

"Une des plus vielles farces et attrapes de la politique budgétaire"

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C'est le fantasme du trésor caché. Les charlatans de droite avancent 50 milliards de fraude sociale, c'est bidon. Les imposteurs de gauche imaginent jusqu’à 100 milliards de fraude fiscale : ils n’en savent rien. Inscrire à ce titre au budget des rentrées d’argent certaines, et en milliards, c’est se moquer du monde. 

On ne sait pas grand-chose sur ce budget. On ne sait pas quels impôts exactement seront actionnés, et sur les baisses de dépenses c’est encore plus flou. Le fait que Barnier évoque, en surcouche d’un plan déjà brumeux, une des plus vielles farces et attrapes de la politique budgétaire est assez louche. 

C'est un vieux routier de la politique, Michel Barnier, il connaît la musique. Mais il n’est pas le seul. Comme disait ma grand-mère, "faut pas prendre mamie pour une courgette".