ÉDITO - Antisémitisme en France : "Aujourd'hui, où est l'indignation ?", s'interroge Étienne Gernelle

Le 7 octobre 2023, le Hamas attaquait par surprise Israël. Un an après, l'État hébreu commémore ce premier et tragique anniversaire. "La douleur demeure aussi vive qu'il y a un an", a indiqué Emmanuel Macron, ce lundi, sur X (ex-Twitter).

Cette date du 7 octobre 2023 est aussi une tragédie française. Pas seulement pour ses victimes françaises ou franco-israéliennes, ni pour les otages français, il en reste deux en captivité. Il faut regarder les choses en face : voici un massacre à but antisémite, n’oublions pas que la charte du Hamas est remplie de préjugés contre les Juifs. Cette attaque est le pire massacre antisémite depuis 1945. Et la haine, en France, s’est déversée non pas sur ses auteurs mais sur ses cibles, c'est-à-dire les Juifs.

Une flambée de l'antisémitisme. Rendez-vous compte : les actes antisémites représentent aujourd’hui, en France, 57 % des atteintes aux personnes à caractère raciste. On dit en général que les Juifs représentent à peine 1 % de la population. C'est terrifiant, tout le pays devrait être révolté. Et le pire, c’est peut-être que ça n’a pas été le cas.

Une réaction française trop faible ?

Après la profanation du cimetière juif de Carpentras, une manifestation avait rassemblé 200.000 personnes en 1990. François Mitterrand s'était d'ailleurs rendu sur place. Aujourd’hui, où est l’indignation ? Rien de comparable. Au lieu de cela, on a vu arracher des affiches portant les visages des otages. Cette haine n’a évidemment rien à voir avec la juste compassion pour le peuple palestinien ou la légitime critique de la politique d'Israël. 

Quand on pense que Jean-Luc Mélenchon a osé parler d’antisémitisme "résiduel", c'est fou. Sur ce plan, le débat politique est également inquiétant. D’abord, il y a l’importation forcenée du conflit israélo-palestinien. LFI a axé sa campagne des Européennes en grande partie sur Gaza, portant souvent l’étendard de "l’antisionisme". Bien souvent, il est vecteur de l’antisémitisme. Et enfin, il y a les sorties de route. 

Par exemple, le député LFI David Guiraud a évoqué les "dragons célestes", une référence antisémite connue de tous les spécialistes. Aussi, Rima Hassan a accusé le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné d’être au service du Crif, empruntant, volontairement ou non, un vieux cliché antisémite. Les Insoumis nient. Ce qui est frappant, c’est qu’à chaque fois, tout passe assez vite. Plus facilement, en tout cas, que pour Jean-Marie Le Pen, il y a trente ans. Que nous est-il arrivé ?