Le chiffre est marquant, symbolique. 100.000 morts : cela donne une idée imparfaite, presque abstraite, de ce que nous vivons depuis plus d’un an. Un chiffre ne raconte pas les drames, la souffrance endurée, la fatigue d'un pays tout entier. Il donne une idée de l’ampleur de l’épidémie, mais il ne nous dit pas vraiment où nous en sommes, et il va malheureusement continuer de progresser.
Il est difficile de marquer solennellement le franchissement des 100.000 morts. Au sein du gouvernement, la réflexion a duré plusieurs jours. Finalement, Emmanuel Macron marquera le moment ce jeudi 15 avril, avec un message aux familles des victimes de la Covid-19. Elles qui ont enduré jusqu'au pire : les morts, dans la solitude, sans visite, des funérailles impossibles ou très réduites. Ce sont ces traumatismes qui resteront avant tout dans les mémoires.
Le porte-parole du gouvernement a aussi évoqué un hommage et un deuil national, mais ce sera plus tard et la forme n'est pas encore arrêtée. Un hommage ou un jour de commémoration, comme le demande des associations et quelques élus, c'est compliqué car nous sommes encore dans la crise.
Les historiens le racontent très bien : les épidémies sont oubliées très vite. Dès que c'est terminé, nous voulons passer à autre chose, dès le lendemain reprendre une vie normale. C'est ainsi que les grippes asiatiques, dans les années 1950 et 1960, qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts chacune, ont été oubliées.
Il reste dans les livres d'histoire la grippe espagnole et ses 200.000 à 400.000 morts en France (selon les études), il y a un siècle. Pour ces évènements, tragiques, il n'y a pas de journée de commémoration, d'hommage ou de monuments.
Après une guerre, des atrocités, une commémoration ou un monument aux morts veut aussi dire "plus jamais ça". Cela a moins de sens pour une épidémie, sauf à reconnaître une culpabilité, ce qui est une autre démarche.
Il existe, à ma connaissance, une exception : les mémoriaux du Sida aux États-Unis. Une autre épidémie où la mort a été solitaire dans les années 80 et les funérailles impossibles. Il s'agit d'accumulations d'œuvres d'arts populaires, des patchworks pour représenter chaque défunt.
Les maladies liées au Sida ont tué à ce jour 32 millions de personnes dans le monde. Cela peut-il avoir un sens de marquer le nombre de disparus du Covid-19 ? Oui, mais quand ? À ce bilan du nombre de morts, il faudra aussi ajouter ceux qui n'ont pas pu être soignés d'autres maladies, faute de place dans les hôpitaux avec les déprogrammations.
Il faut aussi ajouter ce qu'on appelle les Covid longs, ceux qui vont continuer de souffrir des effets de la maladie, jusqu'aux effets psychologiques que nous n'avons pas fini de mesurer. Nous allons encore découvrir d'autres effets de cette épidémie sur nos sociétés : nos relations, notre vivre ensemble.
Tout cela va bien au-delà du nombre, brut et impressionnant, de morts. Et puis, je vous le disais ce chiffre va continuer de croître. Le moment du bilan n'est pas arrivé. Ni le bilan sanitaire, ni le bilan politique.
Le bilan sanitaire, il faudra attendre peut-être un an, deux ans, ou trois ans encore. Le moment du bilan politique, lui, est fixé. En France, ce sera l'année prochaine, en 2022 avec l'élection présidentielle.
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