Direction les nuages, dans le fameux avion des présidents, celui qu'on appelait il y a quelques années le "Air Sarko One" et qui est devenu l'avion d'Emmanuel Macron.
Vu de l'extérieur, on pourrait penser à un appareil assez classique. Mis à part les logos de la République et la dérive bleu-blanc-rouge, l'avion des présidents ressemble à n'importe quel avion. Mais c'est à l'intérieur qu'on mesure la différence.
D'abord, on voyage en classe affaire. À l'exception d'une dizaine de sièges classe économique, réservés à la sécurité du président et parfois à quelques journalistes, l'avion est essentiellement équipé de sièges business. Ils sont destinés aux ministres, les équipes du président et les privilégiés qui l'accompagnent. Mais le vrai point névralgique se situe à l'avant de l'appareil. Derrière une petite porte coulissante, c'est la zone réservée au président.
"Je pense que c'est le lieu de pouvoir le plus stratégique. Parce qu'en fait, un président de la République passe énormément de temps dans un avion, 2, 3, 4 fois par semaine", se souvient Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande. Ce dernier a finalement beaucoup plus utilisé cet avion que prévu.
"François Hollande avait fait partie de ceux qui avaient beaucoup critiqué Nicolas Sarkozy quand il avait acheté et fait aménager cet avion. Et il a été bien content, comme ses collaborateurs, de l'avoir. Pourquoi ? Parce qu'il permet de travailler en vol", ajoute-t-il.
La zone présidentielle comprend d'abord une salle de réunion spacieuse avec une grande table ronde, une douzaine de fauteuils en cuir. C'est là qu'Emmanuel Macron a pris l'habitude de réunir ses conseillers et ses ministres, souvent juste après le décollage. Juste derrière, se situe un bureau pour le président.
Mais le lieu le plus secret de l'appareil, c'est une véritable chambre à coucher. Équipée d'un vrai lit deux places et d'une douche réservée au couple présidentiel.
Montant de l'acquisition et de l'aménagement il y a plus de 15 ans : 176 millions d'euros. De quoi provoquer à l'époque une jolie polémique. Et pourtant, ça n'empêche pas les soucis, comme ce jour où Emmanuel Macron a voulu organiser un Conseil des ministres en plein vol, avec des ministres autour de lui et d'autres connectés à Paris.
"Nous étions un certain nombre autour de la table du Conseil des ministres avec un très gros équipement", se rappelle Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement. "Ce n'est pas remarquable l'efficacité. La communication avec l'avion n'est pas géniale. Ça faisait "grrrr, grrrr, grrrr" alors, on se serait cru à l'ORTF."
Pour la petite histoire, François Hollande avait envisagé à l'époque de commander un nouvel avion, plus moderne. Mais à son arrivée, Emmanuel Macron avait renoncé au projet, jugé trop coûteux.
Dans cet avion sont invités des ministres, bien sûr, en tout cas les plus importants. Les principaux conseillers du président, mais aussi quelques VIP triés sur le volet, avec lesquels Emmanuel Macron aime bien voyager et s'afficher.
Cela crée parfois des jalousies au moment de choisir qui sera invité à la table du déjeuner ou du dîner en plein vol.
L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a souvent pris l'avion avec Emmanuel Macron. "Il y a des présidents qui invitaient beaucoup de ministres. Emmanuel, il a plutôt tendance à inviter ses propres invités, c'est-à-dire des personnalités littéraires, des personnalités sportives", explique-t-il au micro de RTL.
C'est là où en général, on dit des conneries, surtout dans le voyage de retour. (...) Souvent, dans un avion, on se croit hors sol
L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin
Des batailles d'influence qui touchent aussi les journalistes. Rares sont les privilégiés à avoir eu le droit depuis son élection à voyager à bord de l'avion d'Emmanuel Macron, alors que c'était une tradition pour ses prédécesseurs. Il faut dire que parler dans des avions, c'est toujours risqué.
"C'est là où en général, on dit des conneries. Surtout dans le voyage de retour. On a vu que le pape avait fait des grosses erreurs de communication dans l'avion. Monsieur Jospin a perdu sans doute une élection présidentielle parce qu'il avait mis en cause l'âge de Monsieur Chirac dans un avion. Souvent, dans un avion, on se croit hors sol, on est hors sol, mais on reste connecté", rappelle l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
À noter que lorsque nous, les journalistes, ou certains très grands patrons, voyageons dans l'avion présidentiel, nous ne sommes jamais invités. L'Élysée refacture toujours l'équivalent du prix d'un vol commercial.
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