Macron en Égypte : les coulisses de la visite diplomatique du chef de l'État

Georges Malbrunot accompagnait Emmanuel Macron dans sa visite en Égypte du 6 au 8 avril 2025. Celui-ci en raconte les coulisses au micro de RTL. Le chef de l'État a pu être observé, scruté, écouté et intrigue beaucoup.

Prenez sa fin de journée de lundi. Emmanuel Macron parle devant des jeunes à l’Université du Caire. Il est déjà en retard d’une heure sur le programme. Sur l’estrade, son chef du protocole fait de grands gestes avec ses bras, sous-entendu, on va réduire la séquence à 35 minutes. Peine perdue. 

Au pupitre, Emmanuel Macron va discourir pendant plus d’une heure. Un discours enfiévré, assez surréaliste en fait. Il appelle les jeunes à innover, à oser, à apprendre, bref à prendre leur destin en mains. Des accents quasi subversifs dans un pays où les opposants sont en prison. 

Un essor de déclarations d’intentions de la part d'Emmanuel Macron

Et puis, dans une Égypte où la population (déjà de plus de 100 millions d’habitants) s’accroît d’environ un million tous les 18 mois, il se lance dans une ode à la jeunesse, chance de l’Égypte. 

Alors que le pays est surpeuplé, incapable de fournir du travail à tous ses jeunes. Mais en fin de soirée, dans des voyages fatigants, Emmanuel Macron aime s’enivrer de son intelligence, citant parfois de grands auteurs devant un auditoire fasciné, même si tout le monde ne comprend pas tout.

Et puis, il y a la communication que maîtrise à l’étranger aussi le chef de l’État. On le voit sur les contrats annoncés pendant ces visites. Des contrats, ce sont des emplois en France donc c’est bon pour tout le monde, sauf que souvent, ce ne sont que des promesses de contrats.

On appelle ça des déclarations d’intention. Prenez là-encore lundi 7 avril au matin, sous les ors du palais présidentiel du Caire, Emmanuel Macron et son homologue Abdel Fattah al-Sissi trônent devant des ministres qui se succèdent pour signer au total 7 déclarations d’intention.

L’une d’elles porte sur la création d’un centre anti-cancéreux au Caire. Renseignement pris quelques minutes plus tard auprès du patron du centre parisien Gustave Roussy concerné par ce partenariat, il ne s’agit que d’une intensification de la coopération. Idem entre universités. Des choses se feront, souffle un patron d’une université française, mais tout dépend de l’argent dont on disposera. 

Une communication et des illusion pouvant rappeler parfois la cour du roi

Alors, il faut dire qu’à la décharge d’Emmanuel Macron, ses prédécesseurs étaient déjà férus de ce type d’annonces un tantinet ronflantes. Et ses hôtes peuvent aussi en profiter pour leur promotion.

Comme le soir du dimanche 6 avril, lorsque le président égyptien s’est offert un rare bain de foule dans les ruelles du souk du Caire en compagnie d’Emmanuel Macron. Des ruelles bondées où l’on comptait probablement autant d’agents de la sécurité égyptienne que de vrais supporters. 

Peu importe, le lendemain, les images inondaient les réseaux sociaux. Oui, c’est vrai, on est parfois dans l’illusion de l’action, m’avouait il y a 25 ans déjà un ambassadeur. Sous Emmanuel Macron, il y a de l’action (il faut aussi le reconnaître) mais il y a beaucoup d’illusions entretenues par une communication affûtée. 

Une communication qui rappelle parfois la cour du roi, le fait du prince. Un influent conseiller invite dans l’avion présidentiel un ou deux journalistes triés sur le volet, ou les rejette s’ils se sont montrés trop curieux, voire pire irrévérencieux.

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