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Le président de la République Emmanuel Macron (Illustration).
Crédit : Ludovic MARIN / AFP
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Ce qu'il s'est passé ce lundi 27 janvier est extrêmement rare. Les plus hauts magistrats de France ont rappelé à Emmanuel Macron l'indépendance de la justice. Le chef de l'État a évoqué la semaine dernière "le besoin d'un procès" dans l'affaire Sarah Halimi. Emmanuel Macron est sorti de son rôle.
Mais il y a deux sujets. Il ne faut pas les confondre. D'un côté, il y a un débat sur le travail et les limites de la justice. De l'autre, il y a les prises de position problématique du président de la République, "garant de l'indépendance de la justice."
Les deux sujets se retrouvent liés, mais il faut les distinguer et ne pas s'y perdre. L'enquête sur le meurtre de Sarah Halimi, avant de devenir un sujet politique, a été compliquée dès le départ. Le meurtre s'est produit en 2017 entre les deux tours de l'élection présidentielle.
Les magistrats ont mis du temps avant de reconnaître son caractère antisémite. Nous, médias, avons mis du temps avant d'en parler. Tout a provoqué la colère légitime des parties civiles et de la communauté juive.
En France, on ne juge pas les fous
Olivier Bost, éditorialiste politique de RTL.
Le débat est d'abord l'absence de procès. C'est un sujet complexe qui a plusieurs fois traversé la justice. La Cour d'appel a estimé en toute indépendance et sur la foi de trois expertises psychiatriques que l'auteur des faits était pénalement irresponsable. Sa consommation à haute dose de cannabis l'a amené à une bouffée délirante.
Cette décision renvoie à un des principes fondamentaux de notre justice : on ne juge pas les fous. En l’occurrence, le meurtrier de Sarah Halimi, Kobili Traoré, est pour l'instant interné d'office en hôpital psychiatrique pour une durée de 20 ans.
Le débat ne s'arrête pas là. Un jeune homme qui bat à mort sa voisine juive de 65 ans avant de la défenestrer au cri de "Allahu akbar", même si son discernement est aboli, a bien commis un acte antisémite.
C'est la troisième question que soulève ce drame : la justice doit-elle quand même tenir un procès pour comprendre, pour dire ce que génère l'antisémitisme et pour l'indispensable travail de deuil de la famille ? Tout cela est un débat que l'on doit avoir.
Pourtant, Emmanuel Macron n'a pas raison de demander un procès. Quand il dit que "le besoin de procès est là" en tant que président de la République, au moment où la Cour de cassation examine un pourvoi en ce sens, Emmanuel Macron tente d'influencer une décision de la justice alors qu'il est le garant de son indépendance. C'est ce que lui ont rappelé sèchement la première présidente et le procureur général près de la Cour de cassation. Il ne peut y avoir d'ingérence.
Emmanuel Macron aurait dû se taire. Le débat sur la tenue d'un procès peut être lancé, mais par d'autres. Il revient au législateur de faire évoluer les lois s'il le souhaite. Ce n'est pas la première fois qu'un président de la République se mêle de justice, et cela leur réussit rarement.
Nicolas Sarkozy avait voulu supprimer les juges d'instructions, justement trop indépendants à son goût. Il avait même comparé les magistrats de la Cour de cassation à des petits pois, parce que, d'après lui, ils se ressemblent tous. Les petits pois n'ont pas manqué de lui apporter la preuve de leur indépendance. Nicolas Sarkozy est convoqué à l'automne au tribunal.
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