Xavier Dupont de Ligonnès "a cru dans les prédications" apocalyptiques de sa mère, pour le psychiatre Daniel Zagury

C'est l'une des plus grandes affaires de disparition en France. Le 21 avril 2011, Agnès de Ligonnès et ses quatre enfants, âgés de 13 à 21 ans, sont retrouvés assassinés à leur domicile de Nantes (Loire-Atlantique). Les cinq corps ont été enterrés sous la terrasse de leur maison nantaise après avoir été tués trois semaines auparavant, probablement entre les 4 et 5 avril 2011.

Le principal suspect au cœur de l'affaire : Xavier Dupont de Ligonnès, 50 ans. Le père de famille n'a plus donné signe de vie depuis le 15 avril 2011, moment où il est vu pour la dernière fois à Roquebrune-sur-Argens (Var), après avoir quitté un hôtel Formule 1 dans lequel il a passé la nuit. Principal suspect du quintuple assassinat, Xavier Dupont de Ligonnès a longtemps manifesté un fort intérêt pour le fait religieux.

Le quinquagénaire a d'abord vécu une enfance marquée par l'omniprésence d'un mouvement d'inspiration catholique radical, l'"Apocalypse". Jusqu'à ses 35 ans, il a été convaincu d'être un "élu qui survivrait" à celle-ci, explique l'expert-psychiatre Daniel Zagury, dans Les Voix du crime.

Ce qui l'a sauvé, peut-être, c'est aussi ce qui, malheureusement, l'a précipité dans le désastre.

Daniel Zagury, expert-psychiatre

Pour l'écriture de son livre L'Énigme publique n°1 (2025, éditions du Seuil), Dr. Zagury s'est plongé dans l'audition par les enquêteurs de la sœur aînée du principal suspect, qu'il nomme "Valérie" dans son livre. Cette dernière évoque une enfance aux "aspects lugubres", au moment où Xavier vivait avec ses deux sœurs à Versailles (Yvelines), et sa mère.

Cette dernière "annonce des colères divines, des pluies de sang, des choses quand même très angoissantes pour des enfants, et elle dépeint un climat quasi paranoïaque, explique Daniel Zagury. Ce sont à la fois des enfants qui aiment jouer ensemble, et en même temps, il y a ce climat assez lugubre de fin du monde annoncée". Geneviève, la mère du protagoniste, est un personnage spécial et important dans l'évolution du personnage.

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"Si on se questionne de façon plus précise sur la nature de cette maman, selon tous les témoignages, elle était à la fois dans ce mysticisme et en même temps sur la même terre ferme que vous et moi. On reste dans le registre de la croyance, mais quand même d'une croyance extrêmement singulière et qui marque toute sa vie et la vie de ses enfants", explique Daniel Zagury, à propos de la mère du disparu.

Vous pouvez appliquer une théorie religieuse, aristocratique, narcissique, financière... Il y a beaucoup de façons de comprendre son évolution vers le passage à l'acte.

Daniel Zagury, expert-psychiatre

En 1995, quatre ans après son mariage avec sa femme Agnès, Xavier Dupont de Ligonnès perd la foi, un évènement qu'il vit comme une désillusion, qui le précipite un peu plus dans une chute libre. "Lui-même ayant eu le sentiment d'avoir perdu la foi, va attaquer la foi de son épouse (...). Elle a passé beaucoup de temps sur les réseaux à se plaindre que son Xavier, qui était l'homme de sa vie, l'a délaissé. Elle le décrit comme 's'éloignant'. Elle est manifestement malheureuse", explique Daniel Zagury.

Selon ce dernier, il peut s'agir d'un élément de bascule qui a construit le nouveau personnage Dupont de Ligonnès. "Vous pouvez appliquer une théorie religieuse, aristocratique, narcissique, financière... Il y a beaucoup de façons de comprendre son évolution vers le passage à l'acte. Elles sont toutes vraies. Il faut simplement les articuler entre elles", estime l'expert-psychiatre.

De son côté, l'expert-psychiatre est clair : "La croyance, c'est beaucoup plus prégnant, beaucoup plus grave que le délire. Xavier Dupont de Ligonnès a cru dans les prédications de sa maman, dans son système de pensée, sa doctrine, et ce qui l'a sauvé, peut-être, c'est aussi ce qui, malheureusement, l'a précipité dans le désastre", conclut-il.

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