C'est un procès attendu qui va se tenir à partir du lundi 23 novembre au tribunal de Paris. Nicolas Sarkozy y sera jugé pour corruption aux côtés de son avocat Thierry Herzog et de l'ancien haut magistrat à la Cour de cassation Gilbert Azibert. Il est devenu avec ce dossier le premier ancien chef d'État français placé en garde à vue.
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir tenté en 2014 de corrompre Gilbert Azibert pour obtenir des informations couvertes par le secret de l'instruction dans une autre affaire : l'affaire Bettencourt, dans laquelle l'ancien chef de l'État a bénéficié depuis d'un non-lieu en 2013. En échange, Nicolas Sarkozy aurait promis d'aider le juge de la Cour de cassation à obtenir un poste à Monaco, avant de se raviser.
L'affaire est surnommée "l'affaire des écoutes" car elle fait intervenir des conversations de Nicolas Sarkozy enregistrées par les magistrats. En septembre 2013, des juges ont en effet décidé de placer l'ancien président de la République sur écoute pour une troisième affaire : celles des soupçons de financement libyens de sa campagne de 2007. Ils découvrent début 2014 qu'il utilise une ligne secrète, au nom de Paul Bismuth, pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Selon l'accusation, ces conversations auraient justement révélé l'existence d'un "pacte de corruption" entre les deux hommes et Gilbert Azibert.
La première conversation sensible dans ce dossier date du 30 janvier 2014. Sur leur ligne secrète, Me Herzog explique à Nicolas Sarkozy la position du parquet général de la Cour de cassation sur un point de l'affaire Bettencourt. Il dit avoir eu un échange avec "Gilbert", qu'il décrit comme un magistrat qui n'intervient pas dans ce dossier, mais qui "a eu accès" à un autre document confidentiel : "l'avis" du conseiller rapporteur de la Cour.
Le 1er février, Nicolas Sarkozy appelle son avocat sur la même "ligne Bismuth". Il lui demande de répondre sur son téléphone officiel, qu'ils pensent écouté, et se mettent d'accord sur les propos qu'ils vont tenir en faisant référence aux "juges qui écoutent".
Quatre jours plus tard, le 5 février, Thierry Herzog fait part à nouveau de l'enthousiasme de "Gilbert", qui doit selon lui rencontrer un autre magistrat de la Cour "pour bien lui expliquer ce qu'il faudrait". "Moi, je le fais monter", répond Nicolas Sarkozy. Son avocat évoque l'intérêt du magistrat pour un poste au Conseil d'Etat à Monaco. "Je l'aiderai", insiste l'ex-président. Selon Me Herzog, Gilbert Azibert lui aurait dit qu'il n'osait pas demander "un coup de pouce". "Je lui ai dit: 'Tu rigoles avec ce que tu fais...'", poursuit l'avocat.
Le 23 février, Nicolas Sarkozy doit se rendre à Monaco. Thierry Herzog lui rappelle au téléphone "de dire un mot pour Gilbert" s'il a "l'occasion". Nicolas Sarkozy acquiesce et dit qu'il fera "la démarche" dans les deux jours. Il répète la même chose le 25 février.
Le lendemain, une information judiciaire contre X est ouverte pour trafic d'influence et violation du secret de l'instruction. Le même jour, Nicolas Sarkozy semble se rétracter. "Ça m'embête de demander quelque chose alors que je connais pas très bien", dit-il, cette fois sur sa ligne officielle, au sujet du ministre d'État de Monaco.
Selon les enquêteurs, ce revirement peut s'expliquer par le fait que les deux hommes viennent d'apprendre que leurs téléphones non officiels sont aussi sur écoute. Mais Nicolas Sarkozy nie cette allégation.
En mars 2014, les écoutes se poursuivent. Cette fois, c'est un appel entre Thierry Herzog et Gilbert Azibert qui est en cause. Le 3 mars, l'avocat annonce que "la démarche à Monaco a été faite". "Je te raconterai de vive voix" la "dernière péripétie", ajoute-t-il. "On a été obligés de dire certaines choses au téléphone", poursuit-il, "parce qu'on a appris certaines choses".
En tout, le nom de "Gilbert" revient dans une dizaine d'échanges entre Nicolas Sarkozy et son avocat, sur environ 150 conversations en six semaines. Le magistrat n'a finalement pas obtenu le poste à Monaco. Une ligne de défense à laquelle l'ex-chef de l'Etat tient. "M. Azibert n'a jamais eu un poste à Monaco. Le palais à Monaco a rendu public un communiqué pour dire 'jamais Nicolas Sarkozy n'est intervenu' et tous les magistrats interrogés ont dit 'jamais M. Azibert n'est intervenu'", a-t-il déclaré vendredi 13 novembre sur BFMTV.
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