Mort d'Émile : ce que l'on sait sur le grand-père de l'enfant, placé en garde à vue

Plus d'un an et demi de mystère peut-être enfin bientôt levé. L'enquête autour de la mort du petit Émile, disparu le 8 juillet 2023 dans les Alpes-de-Haute-Provence, s'est accélérée ce mardi 25 mars avec le placement en garde à vue des grands-parents maternels du petit garçon et de deux de leurs enfants majeurs, oncles ou tantes d'Émile. Depuis ce mardi 25 mars matin, Philippe Vedovini, son épouse Anne et deux de leurs enfants sont entendus pour homicide volontaire et recel de cadavre.

Cette qualification est cruciale, elle indique que la justice envisage l'hypothèse d'un meurtre du petit garçon, d'un geste volontaire, geste suivi de la dissimulation du cadavre par un ou plusieurs membres de la famille. C'est très marquant et quelque peu inattendu, car l'hypothèse de l'intervention d'un tiers a été évoquée depuis longtemps par les enquêteurs et les magistrats, mais toujours avec beaucoup de prudence et en invoquant surtout la piste d'un accident. Ces quatre suspects sont présumés innocents. On saura d'ici moins de 48 heures, à la fin des gardes à vue, si cela se transforme en mise en examen, si cette hypothèse est retenue.

Au même moment, une perquisition a eu lieu dans la maison des grands-parents située à la Bouilladisse, une petite ville située à une trentaine de kilomètres de Marseille. La maison est au cœur de la vie de famille des Vedovini. Les grands-parents d'Émile ont eu dix enfants, certains sont encore mineurs. La mère d'Émile, Marie, est l'aînée de la fratrie. La voiture des grands-parents, un Peugeot Boxer, a également été emmenée par les gendarmes de la section de recherche de Marseille, ainsi qu'une remorque pour transporter les chevaux.

Qui est le grand-père d'Émile ?

Au moment de sa disparition, le jeune garçon était sous la surveillance de son grand-père. Ce dernier était en train de charger des piquets de bois dans sa voiture en vue de travaux au champ. Émile venait d'être déposé par ses parents. On était au tout début des vacances. Le petit garçon de deux ans et demi s'était réveillé de la sieste et jouait autour de la voiture. Son grand-père a toujours expliqué qu'il avait échappé à son attention pendant quelques minutes. Incapable de le trouver, il avait alors donné l'alerte, sans succès. On a retrouvé le corps beaucoup plus tard, en mars 2024. 

Cette année-là, Philippe Vedovini avait confié sur M6 son pessimisme de voir l'enquête aboutir. "Pour moi, l'essentiel, c'est mon petit-fils, hélas. Je ne suis pas trop confiant, non. On ne sait rien, vous savez. Mais je sais bien. On est extrêmement discret", avait-il dit. 

Certains éléments autour du parcours du grand-père interrogent aujourd'hui. Philippe Vedovini avait envisagé de devenir prêtre lorsqu'il était plus jeune. Il est d'abord devenu frère en 1992 au sein de l'abbaye de Riaumont, un pensionnat catholique traditionnaliste du Pas-de-Calais. L'expérience n'a duré que quelques mois mais en 2013 des faits de violences présumées au sein de l'établissement sont mis en lumière dans le cadre de plusieurs plaintes déposée par des anciens élève. Philippe Vedovini, encadrant le temps de son séjour au pensionnait ,avait alors été visé par une plainte pour des violences sur un des adolescents et entendu par la police. Jamais été mis en examen il a été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté dans cette affaire qui attend toujours d'être jugée. Le grand-père d'Emile avait finalement abandonné le projet de rentrer dans les ordres.

Les derniers éléments de l'enquête

Un an et demi après la disparition, l'enquête ne s'est jamais arrêtée. Dernièrement, les enquêteurs avaient saisi un bac à fleurs, une jardinière située devant la chapelle du Haut-Vernet, sur laquelle des traces suspectes ont été repérées. Le Bluestar, qui repère le sang, a réagi, mais il n'est pas encore confirmé à ce jour que c'était bien des traces de sang qui étaient là. 

On se rappelle aussi ces ADN étrangers identifiés sur les vêtements du petit Émile, qui sont très durs à comparer. Il y a aussi eu de très nombreuses auditions, dont les grands-parents qui ont été entendus plusieurs fois, les autres frères et sœurs… Mais aussi de très nombreuses écoutes téléphoniques qui ont révélé des dissensions entre les membres de la famille, à certains moments, dissensions importantes qui sont, elles aussi, une pierre angulaire de cette enquête. 

C'est l'ensemble de ces éléments qui a conduit aujourd'hui à ces gardes à vue, à ces vérifications, à ces confrontations dont on saura dans quelques heures si elles aboutissent à des incriminations dans l'affaire de la mort du petit Émile.

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