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Présidentielle américaine : pourquoi le vote par courrier est un enjeu majeur du scrutin

ÉCLAIRAGE - En retard dans les sondages, Donald Trump affirme que le vote par correspondance est source de fraudes potentielles.

Des enveloppes contenant des bulletins de vote par correspondance, aux États-Unis
Des enveloppes contenant des bulletins de vote par correspondance, aux États-Unis
Crédit : Jason Redmond / AFP
Thomas Pierre & AFP

Les postiers américains tiennent-ils vraiment dans leurs mains l'issue du scrutin de novembre ? Pour éviter à leurs concitoyens de se retrouver exposés à la Covid-19 dans les bureaux de vote, de nombreux électeurs américains ont en effet commencé à envoyer leur bulletin de vote par courrier. Début septembre, la Caroline du Nord a ainsi ouvert le bal des États ayant débuté les opérations de vote par correspondance. 

Cette option était déjà possible dans de nombreux Etats, selon des modalités variables, et lors de la présidentielle de 2016, près du quart des votes (33 millions) s'étaient effectués par correspondance. Mais cette fois, "on devrait avoir entre 50 et 70 millions de votes par courrier", estime Nathaniel Persily, professeur de Droit à l'université Stanford en Californie. "C'est la plus grande transformation du système électoral américain de toute l'Histoire.(...) C'est sans précédent et ça pose de sérieux défis", explique-t-il. 

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De "sérieux défis", qui n'ont pas échappé au président américain. Actuellement en retard dans les sondages, Donald Trump se plaint régulièrement des conditions d'organisation du scrutin et affirme que le vote par correspondance est source de fraudes potentielles. Cette assertion n'est pas démontrée, mais le vote par courrier devrait être beaucoup plus utilisé cette année du fait de la pandémie de Covid-19.

"Débarrassons-nous de ces bulletins"

Mais pour Donald Trump, ce scénario promet à coup sûr de tourner au "désastre", à une "tricherie" sans précédent. "Des millions de bulletins de vote vont être imprimés à l'étranger", assure-t-il. Mi-septembre, le président réitérait une nouvelle fois sa défiance à l'encontre du "postal voting", en semblant appeler à une annulation des bulletins envoyés par la poste. "Débarrassons-nous de ces bulletins", insistait-il après avoir refusé de promettre un transfert pacifique du pouvoir si son rival Joe Biden l'emportait en novembre. 

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La raison de ce courroux ? Le vote par correspondance serait davantage utilisé par des électeurs urbains, démographiquement proches des démocrates. Par temps de pandémie, il pourrait également augmenter la participation des personnes âgées qui semblent préférer le démocrate Joe Biden. 

Les stratèges républicains comptent par conséquent sur une faible participation pour s'assurer de la réélection de leur candidat. Donald Trump, qui a lui-même déjà voté par correspondance, "essaie peut-être de jeter le doute sur la légitimité de l'élection pour en tirer un avantage politique", avance Rick Hasen, expert en élections à l'Université Irvine. 

En réitérant ses attaques contre le vote à distance, le milliardaire républicain "se cherche peut-être aussi une excuse au cas où il perdrait", estime ce professeur de droit. Quelles que soient ses motivations, ses attaques pourraient dès lors rencontrer un certain écho si le scrutin s’avérait chaotique. Malgré une issue qui lui serait défavorable, le président pourrait ainsi exploiter des résultats incomplets, la loi et ses pouvoirs pour clamer sa victoire. 

Une contestation est-elle possible ?

En 2000, la présidentielle entre Al Gore et George W. Bush s'était jouée à quelques centaines de voix d'écart en Floride et s'est conclue quand la Cour suprême a refusé d'ordonner un nouveau décompte. Le candidat démocrate, qui aurait pu continuer à contester et exprimer son désaccord, avait alors reconnu sa défaite.

Cette année, le camp Trump pourrait intenter des actions en justice pour obtenir un recomptage des voix dans les Etats-clés, notamment le Wisconsin, la Pennsylvanie ou le Michigan, où les résultats pourraient être serrés. La récente nomination de la très conservatrice Amy Coney Barret à la Cour Suprême lui donnerait ainsi un avantage certain.

Dans un des scénarios les plus extrêmes, le président pourrait aussi demander à la justice ou aux gouverneurs républicains d'arrêter de compter les votes à une date donnée après le 3 novembre, et de certifier les résultats. 

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