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Espions, militaires, policiers d'élite… Des personnalités sensibles géolocalisables à cause de leurs smartphones

Une enquête a révélé que les téléphones portables de soldats, policiers d'élite et espions français permettent de les tracer au mètre près. Selon "Le Monde", ces données sont parfois mises à jour toutes les 15 minutes.

Une personne tenant son téléphone portable (illustration).

Crédit : AFP

Espions, militaires et policiers d'élite : leurs déplacements exposés par leurs smartphones

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William Galibert

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Les espions, soldats et policiers français d'élite peuvent être tracés à partir de leur téléphone portable. Des lieux sensibles comme l'Élysée, les sous-marins nucléaires ou les bases militaires, perçus comme protégés, ne le sont pas réellement. 

D'après une enquête publiée par Le Monde, les données téléphoniques publicitaires permettent de tracer au mètre près des militaires, des agents du renseignement ou surveillants de prison sur leur lieu de travail, mais également jusqu'à leur domicile personnel.

"La faute incombe à une industrie publicitaire boulimique, opaque et hors de contrôle qui extrait chaque jour des smartphones des milliards de données personnelles, et notamment des déplacements précis à quelques mètres près, avant de les revendre. À moins d’une hygiène numérique à toute épreuve, il est difficile de lui échapper", a écrit le journal. 

Il est possible de géolocaliser un membre chargé de protéger Emmanuel Macron

Les journalistes derrière cette enquête ont tout simplement acheté, légalement, une base de données géante, un fichier proposé par un courtier en données personnelles, pour réaliser leur enquête. À l'intérieur se trouvaient plus de 16 millions d'identifiants publicitaires et un milliard de points de géolocalisation.

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Les utilisateurs de smartphones, en cliquant rapidement sur des options sans lire, activent un identifiant publicitaire qui suit leur position et transmet ces données à des régies, lesquelles les revendent ensuite à des courtiers. Le quotidien d'un militaire chargé de la dissuasion nucléaire a été suivi par les journalistes, transformé en simple série de points colorés sur un écran, allant chez le médecin, dans sa maison ou encore, au supermarché ou bien sur les sites abritant des sous-marins nucléaires. 

La sécurité présidentielle est aussi concernée. Les journalistes ont dressé, à l'aide de ces points allant de l'Élysée à Villacoublay, l'aéroport militaire qui sert au déplacement du chef de l'État à un hôtel de Honfleur, le profil d'un membre de l'équipe chargée de la protection du président. Une personne dont l'identité doit rester invisible mais dont le téléphone s'avère beaucoup trop bavard.

La localisation des surveillants pénitentiaires est disponible

Il est également possible de pister les cadres de certaines industries de défense qui fabriquent ce que la France a de plus stratégique, comme Thales, NavalGroup, KNDS. De nombreux détails sont disponibles, même leur traiteur libanais préféré. 

Les surveillants pénitentiaires ne sont pas à l'abri de ce phénomène. "Là encore, les enjeux sont d'autant plus importants qu'il est trivial et relativement peu onéreux pour un service de renseignement hostile ou pour un groupe issu de la criminalité organisée de se procurer ces données, parfois mises à jour toutes les 15 minutes", a précisé Le Monde

L'Élysée n'a pas donné suite aux sollicitations du journal. Thalès a pris le sujet très au sérieux, EDF a parlé de sensibilisation de ses collaborateurs, KNDS qui fabrique les canons César a reconnu l'importance du problème. Le ministère des Armées, lui, a évoqué des recommandations à ses effectifs, des réponses standards qui ne lèvent pas les inquiétudes parce que les données, elles, continuent de circuler.

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