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En Corée du Sud, "l'épidémie de solitude" oblige Séoul à prendre des dispositions contre les suicides

Un mal invisible ronge la vie de certains Coréens. Les jeunes adultes sont de plus en plus seuls et le taux de suicide s'intensifie. La municipalité a pris des directives pour contrer le phénomène.

En Corée du Sud, la population sombre de plus en plus dans la solitude.

Crédit : RelaxNews ©Andrew Lever/shutterstock.com

Supérettes du cœur et marches silencieuses : la riposte de Séoul face à la solitude

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Supérettes du cœur et marches silencieuses : la riposte de Séoul face à la solitude

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William Galibert - édité par Alexian Giron

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Une "épidémie de solitude" touche la Corée du Sud et particulièrement sa capitale Séoul. La péninsule est le symbole d'un pays qui pousse sa jeunesse à bout. Une société dans laquelle on grandit dans une compétition permanente, le chronomètre à la main et où l'échec est interdit. 

Il y a quelques semaines, les lycéens passaient le suneung, équivalent du baccalauréat, considéré comme le plus difficile du monde. La société fabrique des diplômés brillants, des cerveaux affûtés, aiguisés, mais des êtres humains de plus en plus seuls.

À Séoul, près de 500.000 jeunes adultes, de 19 à 34 ans, vivraient socialement isolés. Le quotidien de ce demi-million de vies qui se replient, dans une ville de dix millions d'habitants, dans laquelle se sont plongés le journal Le Monde et le site K-Selection. Une mégalopole dans laquelle le bruit, les écrans ou encore les néons sont partout et pourtant le silence gagne, le silence intérieur. 

29 suicides pour 100.000 habitants

"La première année, c'était très dur. Je vivais dans un goshiwon, une toute petite chambre près de la fac. Je n'ai jamais parlé à mes voisins, même en cours, personne ne cherchait le contact en dehors des travaux. Il y a eu des jours où je n'avais pas entendu ma voix depuis longtemps", a raconté Shin Hye-jin, 28 ans, lors de sa première année en tant qu'étudiante. 

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Cette solitude se loge dans ces goshiwons, ces petites chambres parfois sans fenêtre, que certains travailleurs sociaux comparent à des "bidonvilles verticaux". Elle se loge aussi dans les emplois précaires, les journées trop longues, les familles dispersées ou encore dans les relations qui ne naissent plus. Elle se loge partout où la vie devient une succession de gestes mécaniques.

Le monde entier est concerné par la solitude. En France, il y a 13 suicides pour 100.000 habitants mais en Corée du Sud, il y a 29 suicides pour 100.000 habitants. Face à ces drames, Séoul cherche des solutions. 

"Supérettes du coeur" et groupes de marche silencieuse

Depuis mars 2025, la municipalité a ouvert quatre lieux particuliers intitulés "maeum pyeonuijeom", pouvant se traduire par "supérettes du cœur", en français. 

Dans ces espaces gratuits, ouverts du lundi au samedi, on trouve un fauteuil de massage, une bibliothèque, une salle de soutien psychologique ou encore un coin cuisine dans lequel il est possible de se servir un café et recevoir un bol de nouilles instantanées. 

La ville a aussi mis en place une hotline 24 heures sur 24. Au départ, elle était calibrée pour recevoir 3.000 appels par an, elle en a reçu 24.000 en un mois et demi. 

Des mouvements de solidarité se sont aussi créés. Des groupes dans lesquels il est possible de se rassembler pour marcher, à plusieurs, côte à côte, sans obligation de parler. "Marcher en silence avec des inconnus, ça semble simple, mais ça m’a beaucoup aidée. Personne n’attendait rien de moi, c’était rassurant", a assuré Shin Hye-jin. 

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