Rarement une élection en Algérie avait été aussi contestée. Pourtant, depuis le début des années 1990, les scrutins ont souvent été boycottés par l'opposition, ou frappés de suspicions de fraudes massives. Mais la présidentielle de jeudi 12 décembre intervient après une crise politique jamais vue depuis l'indépendance de 1962.
Depuis février 2019, des millions d'Algériens battent le pavé tous les vendredis, et après avoir réussi à faire partir Abdelaziz Bouteflika, président fantôme, qui convoitait un cinquième mandat, ils ne souhaitent qu'une chose : la fin du "système". Or, le pouvoir se trouvant désormais entre les mains du chef d'état major des armées, le général Ahmed Gaïd Salah, cela n'offre pas les assurances de la tenue d'un scrutin démocratique total selon les manifestants. Si bien que le boycott du vote devrait être massif.
Pour autant, il y aura bien des candidats à la magistrature suprême, ils seront cinq sur la ligne de départ, mais aucun n'a vraiment osé faire campagne. Car chacun d’entre eux est lié à l'ancien président Bouteflika, quatre ont été des ministres, et deux ont même occupé le poste de chef du gouvernement. Des pedigrees à même de déclencher l'ire du peuple, et de rendre le "Hirak" plus que jamais opposé à l'élection.
Ministre dès 1988, il a passé 4 ans comme chef du gouvernement de Bouteflika, dont il a été le chef de campagne en 1999. Autant dire qu'il a eu du mal à convaincre au moment de représenter le changement demandé par la rue, à 75 ans. "Il a déjà joué le rôle de lièvre durant les élections de 2004 et 2014", explique pour RTL Abdeslem Abdelhak, ex-journaliste algérien, devenu guide touristique à Oran. "Il est là comme un lièvre dans les courses de fond. Il sert le vainqueur", indique-t-il.
"Il qualifie le scrutin d'occasion historique qui se présente aux Algériens", explique de son côté la journaliste Fatima Charef. Outre la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, Ali Benflis promet "l'ouverture de consultations avec des partis politiques, des membres de la société civile, et des personnalités nationales".
Âgé de 60 ans, il a été ministre de la Culture d'Abdelaziz Bouteflika. Aujourd'hui, il est secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), l'un des partis au pouvoir. "Il affiche sa volonté aussi de poursuivre la lutte contre la corruption, et la renforcer par des mécanismes plus efficaces", indique Fatima Charef.
Avec un programme centré sur l'économie, il propose "la création d'un ministère de l'économie qui réunira les secteurs de l'énergie, des finances, de l'industrie, des télécommunications, et de la poste". Pour Abdeslem Abdelhak, il est "le plus malléable des candidats". Ce dernier pense même qu'il sera élu. "Cultivé, maîtrisant bien l'arabe, il peut jouer aisément le rôle de pantin", résume-t-il sans détour.
Le plus jeune de la bande, mais ce n'est pas pour autant qu'il n'est pas un habitué du pouvoir. "Il promet d'éliminer la corruption, d'éradiquer le chômage, de libérer la justice et réviser la constitution", indique à RTL Fatima Charef. S'il n'a pas occupé de fonctions ministérielles, il n'est pas pour autant extérieur au "système".
"Il paraît comme le plus vierge mais est, en fait, un apparatchik comme les autres", assure Abdeslem Abdelhak. En effet, Abdelaziz Belaïd est un ancien cadre du FLN, l'ex-parti unique, dont il a été le plus jeune membre du Comité central, avant de devenir un lieutenant d'Ali Benflis. En 2011, il fonde son propre parti, considéré comme proche du pouvoir.
S'il ne le clame pas haut et fort, il incarne la mouvance islamiste. À 56 ans, lui aussi a eu "sa part du gâteau" en étant ministre du Tourisme entre 1997 et 1999, dont quelques mois sous Abdelaziz Bouteflika. "Bengrina, c'est l'islamiste qui ne veut pas s'assumer", résume Abdeslem Abdelhak.
"Il promet de répondre aux revendications du 'Hirak' populaire, et d'ouvrir le dialogue sans exclusion", résume Fatima Charef. Surtout, "il s'engage à récupérer les fonds volés". Mais on ne sait toujours pas comment.
Lui aussi a été premier ministre, pendant trois mois, avant de quitter son poste. Ce qui n'empêche pas les manifestants à l'ériger comme étant un homme du système. Âgé de 74 ans, "au début de la mascarade qui va se jouer dans quelques jours, il était pressenti comme le favori de l'État-Major", explique à RTL Abdeslem Abdelhak. Preuve en est pour certains ses 124.000 parrainages récoltés.
Mais il n'a sans doute plus le vent en poupe. Côté programme, "il s'engage à tout revoir et tout entreprendre une fois élu président de la République", éclaire Fatima Charef. L'un de ses chevaux de bataille est "une réduction du taux de chômage chez les jeunes et les femmes"..
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