Cette année, nous avons toutes et tous appris un mot : "click and collect". On le dit sans cesse, on le dit partout. C'est le commerce, c'est le marché des colis. Avec aussi, en parallèle, sans doute une sorte de digitalisation à marche forcée pour un certain nombre de petits commerces. Nos habitudes et celles des commerçants ont été bouleversées, ce terme de "click and collect" est entré dans le langage de tous les jours et les GAFA ont connu un grand boom.
Est-ce que ces commerçants qui se transforment en relais colis ne risquent pas, au bout du compte, de n'être plus que des relais colis ? "Cela génère du trafic, et ça fait venir du monde dans le magasin", répond Yves Puget, directeur du magazine LSA. Selon lui, pendant des décennies le marketing visait à faire venir le consommateur au commerce.
"Aujourd'hui, c'est l'inverse qui se passe, c'est-à-dire qu'il faut être présent quand le consommateur a envie d'acheter, explique-t-il. Donc, il faut être présent avec des magasins en périphérie, en centre-ville. Il faut être présent avec des casiers, avec des relais colis sur Internet, le digital, les ordinateurs, le téléphone."
Je pense qu'un vrai arbitrage individuel va se faire dans les prochains mois
Nicolas Chabanne, créateur de "C'est qui le patron ?"
Selon Nicolas Chabanne, créateur de la marque C'est qui le patron, le "click and collect" a été "une bouée de sauvetage pour beaucoup de commerces". "Moi, je pense qu'il en restera quelque chose de positif. Rien ne remplacera jamais ce contact direct, quand même. Je pense que ça restera dans les habitudes."
Pour autant, le chef d'entreprise insiste : c'est au consommateur de choisir à qui il souhaite donner son argent - aux petits commerces ou aux grandes plateformes ? "Si le commerce près de chez nous fait un produit pas très loin du produit qu'on trouverait sur une grande plateforme, est-ce qu'on ne va pas avoir envie, encore une fois, de se dire qu'on amène des moyens à cette personne qui est plus proche de notre sort que la très grosse structure qui a parfois un nom américain et qui donne l'impression qu'elle n'est pas dans ce lien direct avec soi ? Moi, je pense qu'un vrai arbitrage individuel va se faire dans les prochains mois."
En plus de l'expression "click and collect", deux mots se sont imposés dans nos vies au cours des derniers mois : le présentiel et le distanciel. Nous sommes tous devenus, bon gré mal gré, des experts du Zoom et du Teams, du partage de documents. Ce sont presque deux France qui émergent, celle qui se lève tôt pour travailler en "deuxième ligne" et celle qui conf call en pantoufles. Pas de doute, une petite révolution est en marche. Elle est en train de bouleverser la vie des entreprises, celle des salariés. Elle redessine le paysage immobilier. Elle nous oblige à repenser notre rapport au travail, à fixer de nouvelles frontières avec notre vie privée.
Que de défis. Le premier à relever est celui de l'esprit d'entreprise. "L'enquête que nous avions menée montrait que 93% des DRH, le risque, c'est la perte de cohésion de l'entreprise", explique Benoît Serre, vice-président de l'association nationale des DRH. "Vous avez un vrai risque de désunion de devenir comme un prestataire de services d'aide extérieure à votre entreprise. Or, on sait que la dimension culturelle joue très fort. Les meilleurs employeurs, ceux qui sont repérés, sont souvent des entreprises qui ont des cultures internes très fortes. Donc, si les salariés se sentent un peu décalés par rapport à ça, vous avez un risque de perte d'engagement, de motivation et donc de productivité à la fin de l'histoire."
Vous n'empêcherez jamais les entreprises d'être de mauvais managers
Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH
Est-ce que l'entreprise ne serait pas non plus tentée de "fliquer" le salarié et vérifier que le travail est bien fait ? "Si on imagine un monde d'après vous n'empêcherez jamais les entreprises d'être de mauvais managers", répond Benoît Serre. Le télétravail ne deviendra de toute façon pas obligatoire, ni une norme imposée.
"Vous avez noté que l'accord sur le télétravail, le combat, c'était quoi ? interroge-t-il. C'était le rendre de la part du Medef, ni prescriptif, ni normatif. Pour cette raison-là, pour éviter qu'il y ait un truc qui tombe d'en haut et qui viennent s'appliquer à des situations qui n'ont rien à voir, donc c'est sûr que le flicage, de toute façon en présentiel comme en présentiel, est la pire des solutions."
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte