Dans la bataille contre le virus, le match France-Angleterre s'est complètement inversé. Souvenez-vous, le grand bazar anglais de l'année dernière, avec l'épidémie qui submergeait les Britanniques et leur système de santé, un nombre de morts record, tout cela après les hésitations de Boris Johnson, le Premier ministre, et son refus de confiner.
À l'époque, au printemps, la France était en train de déconfiner, et envisageait le retour à une vie normale. Et voilà que tout s'est inversé. Hier, le Premier ministre Castex annonçait encore de nouvelles restrictions d'activité chez nous, en particulier dans le Pas-de-Calais. Alors que les Britanniques rouvrent les théâtres et les stades en mai, et que la date du retour intégral à la normale chez eux a été fixée à la mi-juin.
La différence : le vaccin. La préparation de la campagne vaccinale et son exécution ont été remarquables au Royaume-Uni. Plus de vingt millions de personnes sont désormais protégées là-bas, contre trois millions et demi chez nous, alors que la population est de taille comparable.
Ce qui explique cet écart incroyable est l'anticipation dont les autorités britanniques ont fait preuve. En finançant par exemple jusqu'à des projets français de vaccins, celui de Valneva, cette start-up nantaise. En précommandant des millions de doses, alors que l'Europe pinaillait sur les prix et la responsabilité en cas d'effets secondaires. En autorisant au plus tôt les produits, alors que l'autorité des médicaments de Bruxelles roupillait entre les fêtes.
Sans parler de la logistique. Les Continentaux, et la France en particulier, n'ont pas mesuré l'importance critique de la vitesse d'exécution. Toute cette affaire est une gigantesque publicité en faveur du Brexit. Au point que la semaine dernière, Bild, le grand journal populaire allemand, titrait : "Chers Anglais, nous vous envions !". Le lendemain le Sun, l'équivalent britannique, répondait en Une : "Nous ne vous envions pas", avec une photo de Merkel consternée face à un Johnson hilare et hirsute.
L'économie britannique part d'un peu plus bas que nous. En 2020, la récession a été de -10% là-bas, contre -8% chez nous. C'est la facture du désordre qu'on évoquait à l'instant. Mais il est probable que l'écart va s'inverser là aussi, à compter de l'été. Les prévisions du gouvernement de Londres semblent très prudentes, + 4% pour 2021, alors que la banque de France prévoit 5% chez nous cette même année.
Ce qui est frappant, c'est que le jeune ministre des Finances, Rishi Sunak, vient d'annoncer des hausses d'impôts significatives, gel du barème pour l'impôt sur le revenu et forte hausse de la taxation des bénéfices des entreprises. En soi, il n'y a pas de quoi se réjouir d'une hausse des prélèvements, mais c'est quand même le signe qu'on envisage le retour à une situation économique normale.
Pour commencer à rembourser les centaines de milliards d'euros que la crise a coûté, à peu près comme chez nous. Il faut dire que contrairement à Emmanuel Macron, Boris Johnson a devant lui une longue période de stabilité, pas d'élection avant 2024, et une confortable majorité. Il peut donc profiter du succès politique de sa campagne de vaccination pour sortir une autre seringue douloureuse, celle des impôts.
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