2.113 milliards. C'est un niveau record, après une septième année consécutive de progression. C’est l’institut de recherche sur la Paix de Stockholm, le Sipri, qui dévoile ce chiffre dans son rapport annuel. Cela représente 1.900 milliards d’euros, soit presque autant que le PIB de l’Italie sur un an. Les États-Unis se taillent la part du lion, avec plus du tiers du total et 801 milliards de dollars. Vient ensuite la Chine, avec 293 milliards. Pour le régime de Xi Jinping, il s'agit de la 27ᵉ année consécutive d’augmentation.
La Russie n’est que bien plus bas, à 66 milliards de dollars, en hausse sensible également, représentant 4,1% du PIB, soit davantage - en proportion - que les États-Unis. La France est à 56 milliards, à égalité avec l’Allemagne, derrière le Royaume-Uni.
Cette tendance est quasi planétaire : au Japon (7 milliards en plus), en Australie (4 milliards de dollars en plus), en Iran, en Inde, au Qatar, au Nigeria. Parmi les grands pays, il n’y a guère que l’Allemagne qui a diminué. Mais le chancelier Scholz vient d’annoncer une augmentation de moitié à terme, avec un fonds de 100 milliards d’euros. Le cycle mondial est maintenant reparti franchement à la hausse.
Il y a de petites variations régionales, la région la plus dynamique ces dernières années était l’Asie, à cause de l’agressivité de la Chine qui inquiète ses voisins. Il y a fort à parier que l’Europe prenne désormais le relais, après la guerre d’Ukraine.
Mais c’est vrai qu’il y a un cycle mondial : les investissements dans la guerre commencent à chuter un peu partout juste avant la chute du mur de Berlin, il y a un peu plus de trente ans, ils atteignent leur point bas dans la seconde moitié des années 1990, à l’époque où l’hyperpuissance américaine fait largement disparaître les tensions dans le monde.
Et puis en 2000, ça repart, avec une nouvelle accélération à partir de 2014, date de l’invasion de la Crimée.
Si ces réactions "automatiques" ne font aucun doute, en Asie et en Europe, cela ne suffit pas à expliquer ces lentes oscillations. Il y a ce qu’on appelle les "cycles longs", découverts par un économiste soviétique, Nikolaï Kondratiev, qui a d’ailleurs fini au goulag.
En étudiant l’histoire, Kondratiev repère de très longues vagues, de plusieurs décennies, qui scandent l’histoire de l’Humanité avec des variations de la croissance, de l’innovation, de l’inflation. Et il y relie les dépenses militaires, en expliquant que c’est la croissance qui provoque la guerre, à cause des conflits pour l’appropriation des ressources naturelles nécessaires à l’économie.
Si on le suit, c’est la croissance qui engendrerait les dépenses militaires.
Les épigones de Kondratieff continuent son œuvre, en tenant d’appliquer sa découverte aux années actuelles.
C'est le cas, par exemple, de Joshua Goldstein - l'un de ces disciples - qui a écrit cela en 1988 : "Dans l’hypothèse d’une forte reprise de la croissance dans les années 1990, dont le secteur de l’informatique et les télécoms seraient la locomotive, la logique des cycles longs suggère une résurgence des guerres dans le courant de la première décennie du 21ᵉ siècle, et un conflit majeur à l’horizon 2020". La première partie de la prévision était plutôt bien vue, on espère que nous échapperons à la seconde.
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