Bruxelles a mis au point le plan Repower EU, pour remplacer les deux tiers de nos importations d'ici à la fin de l’année et la totalité d’ici à 2027. C'est un objectif très ambitieux qui risque bien de déboucher sur des pénuries de gaz l’hiver prochain.
En 2021,
l’Europe a importé de Russie 34% du gaz qu’elle consomme, avec des degrés de
dépendance très variables. Ce degré de dépendance est énorme à l’Est du continent, dans les pays Baltes,
il est important en Allemagne et en Pologne, modestes en France, avec seulement 17%,
et nul en Espagne et au Portugal, ou encore en Norvège, qui produit elle-même
du gaz. Mais au total, il faut trouver ailleurs qu’en Russie 155 milliards de mètres
cubes.
La première chose qu'il faudrait faire, c'est consommer moins. C'est en tout cas une idée qui a traversé les
cerveaux des experts bruxellois, qui comptent sur un degré en moins dans les
foyers du continent. 1 degré, c’est 14 milliards de mètres cubes, environ 10%
de nos achats à Poutine. Ça n’est pas rien, mais c’est loin de suffire.
Il faudra que la France achète à d'autres producteurs. Le problème étant que les capacités ne sont pas extensibles en appuyant sur un bouton. La Norvège, l’Azerbaïdjan et l’Algérie peuvent être sollicités pour 10 milliards de mètres cubes seulement, qui arriveraient par les pipelines existants.
Quant aux autres pays producteurs, les États-Unis, le Qatar, ils ne sont pas reliés par ces tubes à l’Europe. Il faut donc acheminer le gaz par bateau, en le liquéfiant au départ, à très basse température, puis en le re-gazéifiant à l’arrivée, pour l’injecter dans le réseau. Un méthanier, ce sont les bateaux qui transportent le fluide, peut charger deux jours de consommation française. Le problème, c'est qu'il n’y a pas assez de terminaux de re-gazéification en Europe. L’Allemagne, par exemple, n’en a pas un. Et les pays les mieux équipés, Espagne et Italie, ne sont pas reliés par pipeline aux autres.
Pour se tourner vers d'autres producteurs, il faudra alors s'équiper. Il y a une vingtaine de créations ou d’extension sont en cours, mais il faut du temps. Et encore faudra-t-il trouver le gaz liquéfié sur un marché ou l’Asie, la Chine en particulier, à sécuriser des contrats de long terme. Les cargaisons vont faire l’objet d’enchères, pour un produit qui a déjà vu sa valeur multipliée par 5 en 2021.
L’Europe compte quand même acheter 50 milliards de mètres cubes, notamment grâce aux producteurs américains. Mais tout cela mis bout à bout nous fait la moitié seulement de nos importations de l’année dernière… Le compte n’est pas bon !
Les solutions restantes tiennent désormais aux énergies alternatives. Le biogaz, tout d’abord, produit à partir de déchets organiques, on en attend 3,5 milliards, c’est très volontariste. Sur le solaire et la pompe à chaleur ensuite, où on attend 4 milliards, c’est peu vraisemblable, vu les goulets d’étranglement sur la production des panneaux et des pompes à chaleur.
Alors, les autres renouvelables comme l’éolien ? Sans doute, mais il faut 3 à 11 ans pour construire une ferme d’éoliennes, nous dit le Financial Times. En clair, il n’est pas possible de substituer complètement le gaz russe à brève oui moyenne échéance. Si l’on s’interdit d’importer, il y aura des blackouts en Europe, c’est-à-dire des régions ou des utilisateurs qui seront délibérément rationnés.
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