Mouvement des cheminots : la SNCF investit dans les transports alternatifs
La grève de la SNCF profite paradoxalement à la SNCF. Les perturbations sur le rail boostent les transports alternatifs, dans lesquels la compagnie ferroviaire investit massivement.

Le débat est assez vif autour du mouvement social à la SNCF. Droit de retrait ou "grève surprise" ? Ce qui est sûr, c'est que le trafic des trains a été perturbé ces trois derniers jours. Il y en a pourtant qui se frottent les mains : les transports alternatifs. Depuis ce vendredi 18 octobre, le site Blablacar a vu ses réservations progresser de 50 % avec 400.000 places disponibles dans les voitures et beaucoup de clients. Flixbus, un des nouvelles entreprises de "cars Macron", a vu une hausse de 20 %, avec des hausses à 30 voire 40 % sur certaines destinations.
Il faut dire que le début du mouvement coïncidait avec la période de départs en vacances. Les services de transports alternatifs ont maintenant un poids, une notoriété suffisamment importants pour pouvoir être des solutions de recours. On avait déjà pu le mesurer au printemps 2018 lors de la grève perlée des cheminots contre la réforme de la SNCF. Ce que l'on peut noter ce week-end, c'est que le grand gagnant de ce mouvement des cheminots est quelque part la SNCF.
Blablacar a rempli 90 % de ses autocars pendant le week-end. Hors, Blablabus, il y a un an, appartenait à la SNCF sous le nom de Ouibus. La compagnie ferroviaire s'en est débarrassée parce qu'elle perdait de l'argent. Mais elle est devenue en même temps actionnaire de Blablacar. Désormais, les offres de Blablacar sont aussi disponibles sur le site Oui.sncf. C'est l'un des cinq plus gros sites de e-commerce en France. Quand Blablacar gagne, c'est aussi son actionnaire la SNCF qui gagne.
La SNCF se diversifie face à l'arrivée de la concurrence
Blablacar et la SNCF sont de moins en moins concurrents. Ceux qui prennent le car ou font du covoiturage n'ont pas les moyens ou la volonté de prendre le train. En 2021, la SNCF va voir arriver des concurrents sur ses rails pour le transport de voyageurs. C'est un métier très compliqué, et la SNCF est en position ultra-dominante comme opérateur historique.
Mais une chose est sure, si la SNCF veut encore exister dans 25 ans, ce sera à elle de nous faire aimer autre chose que le train. Pour cela, elle peut s'associer à ses concurrents aujourd'hui en devenant ce qu'ils appellent un "assistant de mobilité". C'est ce que Guillaume Pépy a mis en place et que son successeur Jean-Pierre Farandou va poursuivre.
La SNCF va proposer de plus en plus de transporter les voyageurs de porte à porte, de chez lui à sa destination. Pour y parvenir, la compagnie a créé une société, 574 Invest. 574 correspond au record de vitesse d'un TGV en 2007. Et cette filiale dotée d'un budget de 160 millions d'euros est chargée d'investir dans des start-up, deux à trois opérations par an. La SNCF investit dans tout sauf le train : des VTC, des entreprises de covoiturage, des sociétés qui développent des algorithmes capables de calculer le parcours le plus rapide pour aller d'un point A à un point B en prenant tous les modes de transports possibles.
La RATP fait exactement la même chose avec une filiale du même type. Elle dispose d'un fond qui a déjà investi 30 millions d'euros dans City scoot par exemple, des scooters électriques. Le paradoxe, c'est que lors de la dernière grève massive de la RATP le 13 septembre dernier, l'entreprise proposait des réductions pour utiliser ces services alternatifs dont elle est actionnaire.
Le plus
Le célèbre restaurant du Mont-Saint-Michel La Mère Poulard va être fermé pour quelques temps. Un incendie s'est déclaré dans la cheminée. Il n'y a pas de victime, mais les experts vont examiner les causes du sinistre.
La note
13/20 à Pierre Gattaz. L'ancien patron du Medef, qui s'est lancé dans la production de vin bio depuis qu'il a quitté la présidence du syndicat patronal, a signé un contrat avec Hermès pour sortir un parfum de luxe au nom de son château, "Songe de Sannes".
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