Un tournant dans la surveillances des "grands événements". Ce jeudi 23 mars, les députés ont voté l'article 7 du projet de loi olympique qui consiste à autoriser la France à expérimenter la surveillance "intelligente", basée sur des algorithmes avant et pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024.
L'article 7 du projet de loi a été adopté avec 59 voix pour (majorité présidentielle - LR - RN) face à 14 contre (Nupes). Il prévoit, à titre expérimental, que la sécurisation "de manifestations sportives, récréatives ou culturelles" d'ampleur puisse recourir à des algorithmes. En ligne de mire figure, bien évidemment, les JO 2024.
Pour autant, les expérimentations pourraient démarrer bien avant cette échéance. Si la loi est promulguée assez rapidement, elle pourrait ainsi concerner la prochaine Coupe du monde de rugby, qui se tient du 8 septembre au 28 octobre en France.
Le but affiché par ce projet est clair : analyser les images captées par des caméras ou des drones afin de détecter automatiquement des faits ou des gestes potentiellement à risque. La liste de ces "faits" et "gestes" doit être précisée dans un décret. Et ce, après une consultation de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), le gendarme des données numériques.
Lors des débats, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a cité quelques exemple comme "un départ de feu, des goulots d'étranglement de population, un colis ou un sac abandonné". Les députés de gauche se sont inquiétés d'un possible dévoiement de cette technologie, craignant que les JO ne servent que de tremplin pour généraliser par la suite ce type de surveillance à la population.
"Ce que propose la technologie, ce sont des signalements d'attention. C'est-à-dire une caméra qui détecte automatiquement une anomalie, quelque chose qui ne serait pas conforme à un flux naturel de personnes", expliquait à RTL, le 20 mars dernier, Guillaume Farde, consultant sécurité pour BFM TV et professeur à Science Po Paris.
L'exécutif a insisté sur les garde-fous, l'absence de reconnaissance faciale, et sur la nécessité de sécuriser les Jeux et les millions de spectateurs attendus. "Les événements prédéterminés concernent non pas des personnes mais des situations", a insisté Gérald Darmanin, sans les convaincre.
Les députés de l'opposition ont tenté de circonscrire davantage l'expérimentation, de la cantonner aux abandons de bagage, ou d'imposer le fait que l'État soit seul responsable de l'analyse des données, sans recourir au privé, mais sans succès.
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